Mr Philippe Thoorens,
Auditeur en logistique
Interview réalisée en février 2019 |
Avant de devenir auditeur en logistique, quelles connaissances aviez-vous du secteur ?
J’ai suivi le cursus du bachelier en Management de la logistique. L’intérêt de cette formation est la diversité et les nombreuses possibilités de travail (stockage et gestion d’entrepôt, transports, qualité, gestion de flux, informatique, etc.). Il est difficile de ne pas trouver un secteur intéressé par ce profil et les débouchés sont assez importants ! J’ai tendance à me lasser et m’ennuyer assez vite et je n’ai jamais envisagé d’occuper un même poste durant des années. La logistique est suffisamment vaste pour pouvoir l’exercer dans différents secteurs au cours de sa carrière.
Où exercez-vous votre activité de consultant en logistique ?
Je suis salarié, en contrat à durée indéterminée, chez Akka Belgium, filiale Belge du Groupe AKKA Technologies, spécialisée dans le conseil en ingénierie industrielle. C’est mon employeur qui me propose des missions, dont la durée peut être variable, chez différents clients à la recherche de profils précis.
Pouvez-nous décrire quelques missions de consultance que vous avez effectuées ?
Chez Caterpillar, département « Supply chain » : gestion de la production, gestion de la demande, support de l'équipe d'approvisionnement et gestion des urgences et coordination des expéditions.
Pour Alstom, département « Afternoon Sales » : rationalisation des flux physique et informatique pour les réparations (retours clients), constitution d'une base de données pour les composants critiques et/ou obsolètes et constitution d'un stock de sécurité.
Toujours chez Alstom mais dans le département « Supply chain » : gestion physique et financière des stocks, réduction des stocks et suivi des inventaires.
Pour Safran, département achats : accompagnement des fournisseurs pour suivre la montée en cadence du programme LEAP, mesure de la robustesse des fournisseurs.
Je suis tenu par des accords de confidentialité lors de mes différentes missions, donc je préfère ne pas les décrire trop précisément.
Lorsqu’une mission se termine, et ce, pour différentes raisons (baisse de charge de travail chez le client, demande de changement de mission du consultant, insatisfaction du client, etc.), il s’agit de prospecter et de se présenter auprès de nouveaux clients. Cela implique à chaque fois une mise à jour du CV et des entretiens à passer. Cela peut paraître difficile ou fastidieux au début mais, par la suite, le discours est rodé et il devient facile de se présenter et de trouver les points d’accroche avec le client. Une fois l’entretien passé et si le client est d’accord, on peut tout de suite commencer à travailler chez lui.
Quelle est la durée des missions ?
Des contrats sont signés avec possibilité de renouvellement (de mois en mois, de 3 mois, de 6 mois ou même d’un an d’un coup dans certains cas). Je travaille toujours chez un seul client à la fois et jusqu’à présent toujours pour de longues durées (Caterpillar : 4 ans, Alstom : 5 ans, Safran : 2 ans et en cours). Par contre, j’ai toujours changé de fonction et de responsable plusieurs fois lors d’une même mission. C’est donc très varié, même si on reste chez un même client durant des années.
Où retrouve-t-on des consultants/auditeurs en logistique ?
On retrouve des profils comme le mien surtout dans les grandes entreprises. La plupart de mes collègues chez Akka ou nos concurrents sont ingénieurs et d’autres ont des profils plus techniques comme le mien. La plupart sont employés, les indépendants étant généralement plus âgés et surtout très expérimentés. Les indépendants travaillent plutôt avec des PME ayant des besoins très spécifiques tandis que les consultants employés ont généralement un périmètre d’actions plus étendu. Une autre tendance observée est l’externalisation du travail sous-traité. Concrètement, cela veut dire que les consultants effectuent le travail dans des locaux extérieurs à celui du client. Cela est de plus en plus permis avec la digitalisation des informations.
Est-ce une profession répandue en Belgique ?
Les possibilités d’embauche sont nombreuses et nos employeurs nous incitent à leur soumettre des profils à recruter. Je pense que l’offre d’emploi est supérieure à la demande dans ce secteur. Il est habituel qu’un consultant soit recruté par un de ses clients, c’est donc un moyen de rentrer plus facilement dans une grande entreprise, sans passer par tout un système de recrutement au préalable puisqu’on a déjà fait ses preuves. A chacun de choisir s’il souhaite « se poser » ou continuer dans la consultance.
Quelles connaissances fondamentales faut-il posséder ?
Tout dépend du client ou du secteur mais les éléments décisifs sont souvent les connaissances d’un ERP[1] (SAP, Dynamics 365, Baan, etc.), la connaissance de l’anglais (et éventuellement d’autres langues), des bases solides en informatique. Ensuite, viennent la capacité d’adaptation, l’expérience, la motivation et la communication.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
Le challenge avec de nouvelles missions en permanence, le renouvellement d’environnement, les rencontres professionnelles et la découverte de différents secteurs professionnels.
Quelles difficultés rencontrez-vous dans votre métier ?
La perte de repères familiers et la remise en question à chaque changement de mission. Le fait de quitter certains collègues, parfois devenus des amis, est également difficile et on pourrait être tenté d’être de plus en plus distant au fur et à mesure du temps pour rendre les fins de mission moins difficiles. On peut aussi parfois être mis de côté par certains clients soucieux de bien distinguer ses employés et les consultants. Cela peut devenir frustrant si on ne s’y habitue pas.
Quelles sont les qualités essentielles pour exercer ce métier et pourquoi ?
La curiosité, l’autonomie et la prise d’initiative sont autant de clés pour satisfaire un client et rendre la collaboration solide et durable.
[1] Logiciel de gestion d’entreprise.