Mr Pluquet, Administrateur délégué

Interview réalisée en janvier 2007

Administrateur délégué de Meli-Jo, producteur de graines germées.

Présentez-nous votre entreprise…

Notre entreprise produit des graines germées, de l'ail, du radis, la production couvre une vingtaine de variétés différentes. Elle existe depuis une vingtaine d'années suite à une rencontre de Mr Meli, le fondateur, avec un naturopathe qui soignait en proposant des graines germées à ses patients. Le lancement de l'entreprise a démarré sur la production de graines germées destinées au secteur Horeca intéressé par ce produit comme élément de décoration de l'assiette.

Combien de personnes compte votre entreprise ?

Nous employons une vingtaine de personnes actuellement réparties sur les différents départements. L'administration et la comptabilité est couverte par un mi-temps. Le reste concerne la production, le conditionnement, les commandes et la logistique.

Comment s'articulent ces départements entre eux ?

Le plus important est l'emballage et le conditionnement.Nos produits ne sont pas faciles à manipuler, nous procédons à de l'emballage semi-automatique. Seul l'étiquetage est automatisé. Nous livrons nos clients nous-mêmes, c'est la raison pour laquelle nous employons deux chauffeurs réguliers.

Comment la production se met-elle en place ?

La particularité de cette entreprise est qu'elle s'est constituée avec très peu de moyens.Certains projets d'entreprise impliquant une taille industrielle imposante nécessitent d'autres mobilisations bien plus lourdes. Ici, il s'agit d'un projet qui part d'une idée par une personne qui a peu de moyens et qui démarre en « bricolant », en s'agrandissant pas à pas pour arriver au niveau d'aujourd'hui. Dans l'agro-alimentaire, il n'est pas rare de rencontrer ce type de petite PME qui démarre avec une seule personne et qui prend de l'ampleur peu à peu. Nous ne sommes d'ailleurs pas encore complètement intégré dans la catégorie de l'industrie agro–alimentaire. Chaque pallier présente ses difficultés et demande une gestion adaptée pour passer le cap.

Existe-t-il des services, des organismes qui apportent une aide au développement des petites PME comme la vôtre ?

Les aides financières existent.Le Ministère de l'Agriculture, suite à l'introduction d'un projet, peut nous soutenir dans l'obtention d'un prêt. Au départ, nous avons été reconnu comme agriculteur avant de passer doucement vers l'agro-alimentaire.

Quelles sont les difficultés rencontrées par le fait de la particularité de votre production ?

Il y a toujours des difficultés mais celle qui me semble importante pour ceux qui désirent démarrer aujourd'hui est de mettre en place un dispositif de qualité. Depuis les problèmes lourds rencontrés dans le secteur alimentaire comme la dioxine et autres, au niveau de l'administration wallonne et fédérale, il y a une exigence et une responsabilité très lourde qui est donnée aux producteurs. C'est le producteur qui doit montrer patte blanche sur tout, de manière tellement excessive que cela engendre des coûts exubérants. Pour un débutant, cette notion peut être un risque de faillite tant les investissements sont imposants.

Existe-t-il, sur la question de l'hygiène et la qualité, un organisme qui puisse aider l'entreprise à mettre au point ce système qualité ?

Pour ce qui nous concerne, nous avons interpellé les facultés agronomiques de Gembloux. Outre cette mise en place, il y a aussi ce que nous imposent nos clients, nous devons justifier d'une certification, d'un label de qualité. La Belgique impose un cahier des charges précis via l'AFSCA. Le privé a mis en place des choses qui sont ensuite suivies par le secteur public.

Quels sont les profils professionnels des personnes que vous engagez ?

Pour ce qui concerne la main d'œuvre à la production, il s'agit de personnes non qualifiées. Nous recherchons surtout des profils capables de s'adapter à la vie d'une petite entreprise. La différence entre petite et grande entreprise est fondamentale. Dans une petite entreprise, il n'y aucune place pour des périodes de pauses non justifiées, il est impossible de se mettre en retrait de la chaîne. La petite entreprise exige une grande polyvalence de ses employés. C'est aussi cela qui fait la qualité particulière du personnel des petites entreprises, la polyvalence permet à l'employé d'évoluer dans l'entreprise. Un opérateur de production peut devenir chef d'atelier, chef de département alors qu'il n'a pas de qualification élevée au départ.

Quelles sont les fonctions que l'on rencontre chez vous ?

Dans la section production, nous avons trois personnes en fonction : un responsable de production, l'opérateur de conditionnement, l'opérateur de production. Le staff administratif est composé de deux administrateurs qui, eux aussi, sont polyvalents. Je suis le directeur du site et contrôle toutes les opérations. Mon collaborateur, Mr Meli, prend en charge l'aspect commercial, la présence aux salons, la promotion commerciale des produits.

Les besoins des clients ont–ils influencés l'évolution de votre produit ?

Au départ, nous fournissions essentiellement l'Horeca, ensuite la grande distribution a manifesté son intérêt de manière croissante.Il y a donc eu une évolution dans la clientèle. Grâce à notre participation aux salons, nous pouvons percevoir les attentes du public potentiellement client. Nos rencontres sur ces lieux sont comme des laboratoires qui nous permettent de tester nos produits auprès des consommateurs. Nos produits démarrent d'une idée à laquelle nous pensons, nous appliquons à petite échelle de quoi mettre à l'épreuve le lancement d'un produit.

En tant que chef d'entreprise, quelles sont les compétences nécessaires pour diriger et faire évoluer une entreprise ?

Il faut avoir une rigueur dans le travail, une dose d'inventivité et surtout bien s'informer. Ma vie a été émaillée de lancements d'entreprises. Je n'ai pas de diplôme d'économiste mais j'ai suivi deux bacheliers en droit, cette formation m'a aidé dans la méthodologie à suivre et à garder un état d'esprit vigilant. J'ai travaillé dans le culturel et là aussi, le développement de projets était mon leitmotiv, sa concrétisation, la bonne mise en route, une mise en pratique d'une idée, l'autonomie que cela permet, bref, pouvoir mettre en acte mon esprit entrepreneurial. Si l'on est porteur du projet, on ne peut jamais vraiment le quitter, on y réfléchit en permanence. Dans la phase de démarrage, lorsque les impulsions régulières sont nécessaires, il est important d'être disponible. La croissance d'une entreprise ne peut se faire sans réflexion, il faut bien vérifier les conséquences immédiates. S'informer à tous les niveaux que ce soit sur la bonne manière d'élaborer un plan financier, sur le produit et les critères de satisfaction auxquels il doit répondre, tout cela est indispensable.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.