Mr Hosselet,
Contrôleur en agriculture biologique
Quelle a été votre motivation à devenir contrôleur dans l'agriculture biologique ?
En fait, j'ai travaillé en ferme toute ma jeunesse, car mon père était agriculteur à titre partiel. J'ai toujours été attiré par le côté naturel et j'ai donc été vite conduit à l'agriculture biologique.
Après des études secondaires scientifiques, j'ai fait un bachelier en agronomie et techniques et gestion agricole. J'ai commencé à chercher du travail pendant mes études, et quand j'ai vu sur internet l'annonce pour cet emploi, il m'a tout de suite attiré. Dès mes études terminées, j'ai travaillé ici.
Pensez-vous que ne pas avoir baigné très tôt, comme vous, dans un milieu agricole puisse constituer un handicap ?
Tout dépend de la motivation. Ce fut peut-être plus facile pour moi, puisqu'il y a quand même un tas de connaissances qui s'emmagasinent quand on est petit. Mais celui qui est motivé pour faire quelque chose peut toujours y arriver.
Quelle est votre opinion sur les études que vous avez suivies ?
Au niveau de l'agriculture biologique, je n'étais pas préparé, on est surtout formé à l'agriculture conventionnelle. Globalement, certains types d'études devraient être plus tournés vers la pratique. A l'arrivée dans le monde de l'emploi, celui qui sera toujours resté dans ses bouquins et qui n'aura effectué que les formations pratiques amenées par le milieu scolaire, sera handicapé.
Certaines choses devraient être vues pendant le cursus scolaire. Un exemple simple : quand on étudie les maladies des céréales, il devrait peut-être y avoir dans l'école agricole un petit coin où des céréales sont cultivées. Ce qui permettrait de pouvoir mieux visualiser l'évolution des différentes cultures, ainsi que les maladies qui peuvent y survenir.
D'un point de vue pratique, en quoi consistent vos activités ?
Au quotidien, on fait du contrôle en fermes. Donc, on va contrôler aussi bien l'élevage que les cultures. Au niveau de l'élevage, par exemple, on vérifie le respect de certain type d'aliment, ainsi que l'hébergement. Il faut bien veiller à ce qu'il n'y ait pas d'animaux du conventionnel qui passent dans le secteur bio. Notre métier, c'est vraiment le respect des règles de production qui sont édictées par le règlement européen. On a un minimum légal de contrôles à faire par an, et on essaie généralement de le dépasser. Ce qui n'est pas toujours évident. Je pense que la moyenne doit se situer à 2-3 contrôles par ferme. Maintenant, pour diverses raisons, on passe nettement plus régulièrement auprès de certaines exploitations considérées "à risque".
Y-a-t-il beaucoup de contrevenants ?
Il y a des gens qu'il faut rappeler à l'ordre. Le bio, au départ, c'est une démarche volontaire. Ceux qui cultivent ainsi le font souvent par conviction, et leurs erreurs sont globalement involontaires. Mais le problème, c'est qu'il y a aussi actuellement le contexte financier qui pousse certains à essayer de frauder.
Pensez-vous qu'il soit facile de faire de l'agriculture biologique ?
Non, c'est un mode de production tout à fait différent, qui demande plus de travail que le conventionnel. Notamment, par exemple, au niveau du désherbage, on utilise beaucoup tout ce qui est binage, hersage, etc. C'est un travail mécanique, et je serais presque tenté de dire manuel. C'est beaucoup plus astreignant que de passer avec un pulvérisateur.
Et au point de vue de la rentabilité ?
Je ne pense pas que ce soit la panacée universelle, mais celui qui travaille bien peut normalement gagner sa vie en agriculture biologique, comme en agriculture traditionnelle d'ailleurs. C'est surtout une question de travail personnel.
Quels sont vos rapports avec les agriculteurs que vous contrôlez ?
Globalement, je crois que nos rapports sont assez bons. D'autant que c'est une démarche volontaire, et que les gens demandent, finalement, à être contrôlés. Et on essaie de le faire du mieux possible. On est aussi partagés par le fait qu'on rencontre certaines personnes régulièrement, et qu'on ne veut pas se présenter comme quelqu'un qu'ils devraient craindre. Mais notre rôle de contrôleur nous oblige à garder certaines limites dans nos rapports.
Avez-vous beaucoup de contacts avec d'autres organismes qui travaillent dans l'agriculture biologique ?
Oui, nous avons beaucoup de relations, et là aussi ça se passe très bien. Il y a des réunions au ministère, des journées de formation, etc. Au niveau de l'agriculture bio, au sein des organisations, le courant passe peut-être mieux qu'ailleurs. Il y a un'esprit bio", un peu différent, peut-être plus tourné vers la nature, y compris dans les contacts.
Quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ?
Avantage(s) : je gère mon horaire comme je le veux. D'autre part, j'ai de nombreux contacts, ce qui est intéressant.
Inconvénient(s) : le manque de temps pour tout faire. Il y a le travail de terrain, mais aussi des rapports à remettre et toute une partie administrative à assumer.
Quelles aptitudes sont nécessaires pour bien exercer ce métier ?
Déjà, la capacité de gérer les rapports humains avec les agriculteurs, pour ne pas avoir de contacts trop proches. Il faut être organisé, parce que, vu notre charge de travail, on ne peut pas se permettre d'aller n'importe où et nulle part. Il faut également aimer faire des km en voiture, vu le nombre de visites à effectuer.
Et l'agriculture biologique demande quelles qualités, selon vous ?
Essentiellement la volonté de le faire. Pas pour les primes, ni en pensant bien gagner sa vie par cette méthode. Ce doit vraiment être un goût de retour vers la nature, et un souci de sa préservation. Pour le reste, il faut se rendre à des réunions, rencontrer des gens qui pratiquent déjà l'agriculture biologique depuis plusieurs années, afin de bien assimiler les différentes techniques. Ensuite, je ne vois pas d'obstacles. Je pars du principe que celui qui veut réellement faire quelque chose en trouve toujours les moyens.
Croyez-vous que l'agriculture biologique soit un secteur d'avenir ?
Il y a de l'avenir, mais tout le monde ne pourra pas faire du bio. J'ai l'espoir que l'agriculture, de manière générale, va bouger, qu'un jour on fera un peu marche arrière en agriculture. L'intensification abusive est finalement négative.
C'est un secteur d'avenir, qui est de toute façon toujours en pleine expansion.