Sandra C.,
Matelot transmission maritime sur un chasseur de mines
Interview réalisée en décembre 2022 |
Quel est votre parcours professionnel ?
Pendant mes secondaires, j’ai choisi l’option coiffure en professionnelles. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai travaillé pendant 4 ans dans un salon de coiffure tenu par une personne de ma famille. Un jour, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour. Je ne me voyais pas faire ça toute ma vie. J’ai donc décidé de passer les tests pour entrer à l’armée. De toutes les composantes, c’était la Marine qui m’attirait depuis le début. J’ai toujours aimer l’idée de partir en mer.
Que pouvez-vous dire sur votre formation à l’armée ?
J’ai d’abord eu une formation de militaire générale, comme n’importe qui démarrant une carrière dans la Défense. Ensuite, j’ai suivi des cours d’opérateur radio à Den Helder. Pendant ces cours, nous avons appris toute la théorie concernant les procédures radio, les différents langages (Morse, Flash).
Si vous deviez raconter une journée type sur le navire ?
En tant que matelot transmission, nous faisons des gardes. Nous traitons les informations reçues depuis la terre ou depuis d’autres navires. On s’assure que les messages et les informations sont transmises au bon endroit. Il s’agit d’une partie de notre quotidien : autrement, nous faisons comme tous les matelots. Nous participons à la vie en communauté, à l’entretien du navire. Nous aidons aussi parfois sur le pont. Une partie importante de nos journées est consacrée aux exercices de sécurité (par exemple, les exercices incendie.).
A votre avis, quelles sont les qualités à avoir absolument pour être matelot transmission ?
Il faut de la rigueur, faire preuve d’esprit d’équipe, et être capable de s’adapter à l’évolution constante des technologies. Il faut avoir des affinités avec l’informatique et avoir un esprit logique.
Les métiers de l’armée sont encore vus comme des métiers d’hommes. Selon vous, la place des femmes a-t-elle évolué dans l’armée, en particulier au sein de la Marine ?
Aujourd’hui, il y a de plus en plus de femmes qui intègrent l’armée. Dans la Marine, c’est un peu particulier : ça reste un milieu très masculin. Il y a en plus cet aspect de la Marine qui est la promiscuité et la vie en communauté sur un navire, et cela pendant des missions parfois très longues. Sur le chasseur de mines, on est 4 femmes ! Nous sommes donc toujours minoritaires, et il est vrai qu’on est un peu considérées comme des ovnis. Parfois, on reçoit des remarques, à moitié ironiques, par rapport au fait qu’on prend des douches trop longues, ou qu’on est toutes grognons en même temps quand on a nos règles. On prend ça avec humour parce qu’on sait aussi qu’on apporte quelque chose de plus qu’il n’y avait pas avant : une qualité d’écoute quand nos camarades de missions ont besoin de parler. On amène de la bienveillance et un peu de douceur. On sait que nos collègues apprécient ça et qu’ils adoptent aussi d’autres comportements entre eux grâce à ça.
Le plus dur dans votre métier ?
Les longues missions et le fait d’être souvent loin de sa famille. Je n’ai pas d’enfants et je n’ai pas le projet d’en avoir : je pense que ma carrière n’est pas compatible avec une vie de famille. Pour moi, ce n’est pas un sacrifice de ne pas avoir d’enfants… Je n’en ai jamais voulu. Mais je sais que c’est un problème pour certains collègues. Surtout des collègues femmes, qui, elles, se voient obligées de faire un choix. J’ai l’impression que mes collègues hommes ne doivent pas faire face à un choix aussi cartésien. Certes, ils sacrifient une partie de leur vie de famille pour la Marine, mais ils peuvent encore espérer avoir les deux dans une certaine proportion. Je n’ai pas l’impression que c’est le cas de mes collègues femmes, pour qui c’est tout ou rien, l’un ou l’autre.
Et le plus épanouissant ?
L’impression de faire partie d’une famille. La challenge de devoir s’adapter à un matériel informatique en constante évolution. Le fait d’avoir des responsabilités. L’impression de défendre de belles valeurs et de faire un métier utile.