PROF : Quelle est votre mission principale ?
Le décret de 2007 a réformé le soutien pédagogique et l’inspection [2]. Ce service auquel j’appartenais exerçait la plupart de ses missions dans les écoles organisées par la Communauté française. Depuis, il a des missions inter-réseaux. 70% du travail consiste à évaluer le niveau d’études des établissements à l’aune des programmes, des socles et des compétences terminales. Avant tout, nous rendons un service. Aux enseignants, en apportant un recul, difficile à avoir quand on a la tête dans le guidon. Aux équipes pédagogiques, en initiant un travail de coordination. Aux directions, pas spécialistes de toutes les disciplines. Aux différents autres acteurs scolaires, par la rédaction de rapports et d’observations globales [3]. Et surtout aux élèves et aux parents, en apportant un peu plus de cohérence et d’équité entre établissements, dans le respect du décret Missions.
L’inspecteur photographie un groupe d’élèves et leur(s) enseignant(s). C’est dérangeant. On en est conscient. Mais cet instantané se complète par la production annuelle (cahiers, travaux, évaluations…) des élèves d’un enseignant ou d’une équipe dans une discipline. Notre rapport n’est donc pas individualisé.
Et s’il est négatif ?
Nous ne sommes pas des pédagogues en chambre. Notre expertise nous permet d’observer. Et d’expliquer qualités, faiblesses et pistes de remédiation. Au delà, c’est le travail des conseillers pédagogiques. Notre mission, essentiellement formative, laisse le temps au temps. C’est après une longue procédure qu’un manquement persistant pourrait avoir des impacts sur la subvention. Depuis 2007, nous n’en sommes jamais arrivés là.
Le métier des enseignants, difficile, ne se simplifie pas. Et 99 % d’entre eux mouillent leur chemise sur le terrain. Mais le bénéficiaire de l’enseignement, c’est l’enfant. Et il faut pouvoir réagir en cas de manquement grave concernant la sécurité, les conditions de travail, le contenu des cours,…
D’autres missions ?
Nous répondons à toute mission fixée par le Gouvernement [4] (3). Par exemple, nous participons à des groupes de travail avec des enseignants, des directions, des conseillers pédagogiques, pour construire des épreuves externes, comme le TESS en histoire qui aura lieu en juin pour tous les pouvoirs organisateurs volontaires. Nous émettons des avis sur des programmes, des manuels, des logiciels scolaires et des outils pédagogiques. Lorsqu’un chef d’établissement souhaite s’assurer des aptitudes pédagogiques et professionnelles d’un enseignant, il peut solliciter le service. Depuis 2007, j’ai traité trois demandes. Les rapports effectués n’ont pas d’incidence directe sur le statut ou la carrière de l’enseignant. C’est le pouvoir organisateur qui décide. Et nous nous abstenons de toute directive visant les méthodes pédagogiques. Mais notre référentiel se base sur l’acquisition des compétences, ce qui amène très souvent à dialoguer sur la méthode.
On vous craint ?
La crainte du contrôle est bien naturelle. Mais j’ai rencontré plus de 300 enseignants en trois ans, je n’ai eu aucun incident. Pour dédramatiser, nous prévenons toujours de notre venue et nous expliquons l’objet de notre mission. Notre système éducatif est en évolution. Notre service aussi. Aucune relation humaine n’est à l’abri de clashs. Mais ils sont très isolés. L’inspection n’a d’ailleurs rien à gagner à braquer les enseignants. De plus, tous nos rapports sont relus par la hiérarchie et nous faisons, nous aussi, l’objet d’évaluations rigoureuses.
Êtes-vous nommé ?
Non, comme une majorité de mes collègues. Plus organisé depuis dix ans, le brevet a été relancé par la réforme de 2007. J’ai suivi les trois modules de formation. J’ai déjà passé une épreuve. Les deux autres doivent s’organiser sous peu. J’ajoute que tout enseignant nommé ayant six ans d’ancienneté dans sa fonction a accès à ces formations et épreuves.