Mr Valery Schollaert, Guide nature

Interview réalisée en janvier 2005

Formateur en ornithologie dans plusieurs associations belges et organisateur de voyages à la découverte des oiseaux sur tous les continents.

Ne vous êtes-vous pas taillé sur mesure ce métier de guide-animateur nature ?

Tout est parti de ma passion pour l'ornithologie. Dès 13 ans, j'ai passé beaucoup de temps à observer les oiseaux, d'abord en Belgique, puis en France, aux Pays Bas, en Hollande et dès 1991 en Scandinavie. L'idée d'organiser des voyages pour les ornithologues s'est concrétisée en 1992 avec un premier voyage dans les pays alpins. Puis, je n'ai plus arrêté...
J'ai découvert l'Amérique du Nord et l'Amérique tropicale dans les années 1995-1996. Puis l'Afrique noire, qui est devenue une de mes destinations de prédilection. C'est à cette période que j'ai recherché un partenaire professionnel sérieux, en l'occurrence Terre d'Afrique pour donner de l'envergure à mes voyages et assurer la logistique. Entre-temps, j'avais commencé des études de mathématiques à l'ULB, que je n'ai pas poursuivi car il était vraiment difficile de mener de front une vie étudiante classique et cette activité qui prenait de plus en plus d'ampleur, au fur et à mesure des demandes.

Votre connaissance ornithologique est autodidacte : cela n'a pas dû être évident de vous faire reconnaître dans ce milieu de spécialistes ?

J'ai passé énormément de temps à observer sur le terrain, à étudier seul. J'ai réalisé quelques découvertes ornithologiques au cours de mes voyages en Afrique qui m'ont crédibilisé sur la scène ornithologique internationale . Par ailleurs, j'ai participé à la création de la commission d'homologation des oiseaux rares du monde (CHM), qui est maintenant largement reconnue dans le monde ornithologique. J'ai aussi conjugué pendant quelques années la prospection de nouveaux sites, la publication de mes recherches et les voyages en groupe aux quatre coins du monde.

En quoi consiste la philosophie de vos voyages ?

J'ai à cœur de développer un esprit d'écotourisme. Ma préoccupation est d'établir un échange avec les populations que nous rencontrons : nous leur apportons des connaissances théoriques sur l'avifaune de leur pays et ils nous apportent en retour toute leur expérience de terrain concernant les oiseaux mais aussi sur leur région. Je forme d'ailleurs des guides locaux qui peuvent prendre le relais. Un contact bien plus intéressant que de faire les circuits touristiques standards d'hôtel en hôtel et une façon aussi de créer des emplois ! Tout le monde est gagnant.

Vous parlez de formation. N'est-ce pas votre activité principale aujourd'hui ?

Effectivement, j'ai répondu à la demande qui m'avait été faite régulièrement par différentes associations telles que NATAGORA et j'ai mis sur pied un cursus de cours à destination d'amateurs débutants comme de passionnés chevronnés.

Quels sont les objectifs de vos cours ?

Ils permettent de s'initier à l'ornithologie de manière intensive, d'approfondir ses connaissances plus rapidement que par un simple auto-apprentissage, de participer activement aux programmes d'études organisés et ensuite de pouvoir soi-même guider des groupes sur le terrain.

Le contenu théorique porte sur les techniques d'identification et de description des oiseaux, la connaissance de l'avifaune belge, la découverte in situ, la recherche des informations sur internet et autres sources, l'anatomie et le comportement des oiseaux, leur protection et leur habitat.
Un programme très complet réparti sur deux années académiques, à raison d'une séance par semaine et assorti de voyages, de week-end d'études et d'autres sorties. Les cours sont dispensés dans cinq villes de Belgique.

Comment se caractérise votre style d'enseignement ?

Il se veut le plus convivial et interactif possible. Par exemple, nous partons des observations faites au cours de séances d'observation pour mettre en commun nos savoirs et nos opinions. Je considère mon rôle tout autant comme celui d'un animateur que comme celui d'un enseignant. Au delà de l'ornithologie, je cherche à faire réfléchir mes élèves en allant au-delà des préjugés et en les aidant à adopter des comportements plus mûrs et plus respectueux de l'environnement, qu'eux-mêmes vont répercuter à leur tour dans leur entourage.

Qu'aimez-vous le plus dans votre activité et quelles en sont les difficultés ?

J'aime communiquer mon enthousiasme à mes élèves ou aux personnes qui voyagent avec moi. Ainsi, c'est un grand plaisir de les voir découvrir les oiseaux en regardant au télescope pour la première fois. J'aime aussi monter des projets et bien sûr aller à la découverte de pays que je ne connais pas.
Bien que très occupé, je peux m'organiser à ma guise et gérer mon temps comme je l'entends car je bénéficie du statut d'indépendant. Cependant, il ne faut pas se leurrer, il m'a fallu une sacrée ténacité, pour rester fidèle à mon but ! C'est seulement maintenant que j'arrive à vivre de mon activité, après huit ans de galère. Cela dit, l'argent n'a jamais été mon moteur principal !

Quels conseils donneriez-vous aux personnes intéressées par votre métier ?

Je pense qu'il y a de la place pour des personnes fortement motivées car le public s'intéresse de plus en plus à la préservation des espèces, à la nature en général.
Une bonne formation en biologie, en agronomie ou en éthologie peut certainement aider à trouver une place dans ce domaine. Surtout s'ils ont aussi le sens des contacts humains, la fibre pédagogique et qu'ils aiment bouger !

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.