Acousticien·ne
Mise à jour 10/04/2018 |
L’acousticien est le spécialiste des sons et de leur propagation. Analyste en bruit, son rôle consiste à trouver des solutions pour le rendre plus supportable, en milieu urbain ou industriel. Son métier se situe au carrefour du conseil en ingénierie, de la physique et du service à la clientèle. Il peut intervenir de façon préventive en amont de la nuisance sonore, afin d’éviter que le problème n’apparaisse ou mener une action corrective en aval, pour y remédier.
L'acousticien intervient dans de multiples circonstances. De façon générale, il apporte des solutions aux problèmes de nuisances par le bruit, la pollution sonore représentant un enjeu de tranquillité et de sécurité publique. Ainsi, il peut être consulté pour mesurer le niveau sonore induit par la proximité d'une ligne de chemin de fer, d’une autoroute, d’un aéroport, d’une voie aérienne, d'une discothèque ou d’un bar. Après avoir quantifié l’ampleur du bruit, il tente de déterminer ses conséquences sur l’oreille humaine ou l’environnement.
Fréquemment, il œuvre pour le compte d'entreprises, notamment dans les domaines industriels automobile, aéronautique, mécanique, métallurgique, énergétique, électroménager : il préconise des aménagements tels que des capots sur les machines ou l'utilisation d’isolants phoniques pour limiter les vibrations des appareils/moteurs et le stress sonore des ouvriers. Il peut également travailler à la conception d’instruments de mesure, de matériaux et d’équipements qui isolent du bruit ou qui l’absorbent de manière significative.
On le sollicite également en amont de l’édification d'ouvrages de génie civil tels que ponts, autoroutes, lignes ferroviaires pour anticiper les plaintes des riverains en effectuant des études d'impact. En tenant compte du relief et des particularités du site, il conseille les constructeurs et collabore avec les architectes. Plus rarement, l'acousticien intervient également lors de la construction de salles de concert, de théâtre ou d'auditoriums. Il façonne l’identité acoustique de ces installations afin que les sons se propagent le mieux possible à l’intérieur, sans écho et le moins possible à l’extérieur. À l'aide de simulations sur ordinateur et de calculs physiques élaborés, il préconise la forme des lieux et les matériaux les plus performants pour satisfaire l'oreille des artistes et du public.
Très concrètement, l'acousticien pose des appareils de mesure et vérifie régulièrement (à distance, grâce à l'informatique) que le niveau sonore se conforme aux normes règlementaires. Si ce n'est pas le cas, il propose des solutions compatibles avec les contraintes écologiques, budgétaires et règlementaires, par exemple l’édification de façades le long des routes et des voies de chemin de fer, l’élévation de collines artificielles, la plantation de végétation, le choix de revêtement routiers moins bruyants, l’utilisation d’isolation acoustique dans les nouveaux édifices, etc. Il effectue aussi des cartographies du bruit afin de situer les zones sensibles d'une ville ou d'une région et suggérer des adaptations aux urbanistes et aux politiques.
Comme tout ingénieur, l'acousticien doit se tenir au courant des nouveaux instruments et logiciels de mesure du bruit, des nouveaux matériaux et des nouvelles techniques pour étouffer ou propager les bruits. Il doit également suivre de près les règlementations, d'autant plus que la sensibilité au bruit s'exacerbe et que les législations ne cessent de se multiplier. Ainsi, les pouvoirs publics prennent de nombreuses dispositions en ce qui concerne l'habitat, le voisinage, les conditions de travail, les écoles, les hôpitaux, etc. Dans ce cadre, les acousticiens collaborent de plus en plus avec des juristes. Dans certains cas, ils se basent aussi sur les prescriptions et recommandations médicales en fonction du type de son et du public qui les perçoit.
Compétences & actions
- Posséder d’excellentes connaissances en sciences mathématiques et physiques, plus spécifiquement en acoustique, métrologie et physique des matériaux
- Connaître les notions techniques générales dans le bâtiment et l’architecture, l’aéronautique, l’automobile, la mécanique, l’électricité, l’électronique, l’environnement, etc.
- Parler et lire l’anglais technique
- Utiliser des logiciels informatiques et codes numériques de mesure, de simulation et de modélisation
- Maîtriser et appliquer la législation en matière de nuisances sonores et de normes d’isolation
- Manipuler des appareils de mesure complexes (sonomètres)
- Concevoir, définir et appliquer une méthode scientifique de relevés
- Effectuer des tests et essais en laboratoire
- Réaliser des mesures acoustiques et vibratoires
- Établir un diagnostic de nuisances sonores, en quantifier l’intensité
- Surveiller le bruit émis par des appareils ou dans une zone géographique donnée et les comparer aux normes autorisées
- Anticiper les décibels qui seront générés par un projet à l’étude
- Élaborer et proposer des solutions techniques et technologiques concrètes pour insonoriser un bâtiment
- Diffuser des bruits d’essai dans une salle (bruit rose dont l’intensité de chaque bande de fréquence est similaire)
- Concevoir des matériaux à usage phonique ou des produits antibruit
- Effectuer une veille technologique et règlementaire de son domaine d’expertise
- Rédiger des rapports d’analyses
Savoir-être
- Pragmatisme et sens pratique, orienté solutions
- Intérêt dans la résolution de problématiques complexes
- Esprit de synthèse et d’analyse
- Capacités de raisonnement et de déduction
- Rigueur, minutie et précision
- Logique, organisation et méthode
- Aisance de communication et de négociation
- Sens du contact et du service au client
- Ouverture d’esprit et curiosité
- Innovation et créativité
- Autonomie et esprit d’équipe
- Goût pour la technologie
- Acuité auditive et capacité d’écoute
- Mobilité et flexibilité
- Polyvalence
Cadre professionnel
L’acousticien travaille soit dans des cabinets de conseil, dans des bureaux d'études ou de contrôle, soit dans les services spécialisés de grandes entreprises (bâtiment et travaux publics, transports routiers et ferroviaires, aéronautique, constructeurs et équipementiers automobiles, électroménager, mécanique, matériaux utilisés dans la construction ou matériel électroacoustique). Les cabinets et bureaux d’études spécialisés en acoustique sont le plus souvent des structures de taille modeste. Leur expertise intéresse le secteur privé (industries) tout comme le secteur public et associatif (protection de la population et/ou de l’environnement, urbanisme, logement).
L’acousticien est amené à travailler aussi bien seul qu’en équipe, il peut diriger un bureau d’acoustique et encadrer d’autres ingénieurs et éventuellement des techniciens auxquels il délègue certains relevés. Il est en contact avec de nombreux interlocuteurs d’horizons variés : clients, industriels, constructeurs, architectes, urbanistes, décideurs politiques, ouvriers en usine ou sur chantier, citoyens habitant une zone soumise à des nuisances, etc.
Il partage son temps entre les réunions de conception, son bureau, le laboratoire d’acoustique (pour les essais) et le terrain. Le métier implique des déplacements réguliers dans des lieux bruyants (pour les prises de mesures), en intérieur (usines, bâtiments, lieux culturels et musicaux) comme en extérieur (près d’un aéroport, d’une voie de chemin de fer, d’une autoroute ou d’un chantier de construction). Afin d’éviter des impacts négatifs sur sa santé (risques de surdité), il porte des protections spéciales pour préserver son audition. Il voyage également à l’étranger, la participation à des conférences internationales lui permet de s'informer dans un domaine en innovation constante. Ses horaires sont flexibles car il est amené à analyser des bruits à différents moments de la journée.
Conditions requises
Les organismes ou laboratoires chargés des mesures en matière de bruit doivent obtenir un agrément.
En Wallonie, l’arrêté du Gouvernement wallon du 1er juillet 2010 relatif aux conditions et modalités d’agrément des laboratoires ou organismes en matière de bruit détermine que les laboratoires et organismes peuvent être agréés pour les catégories suivantes : mesures sonométriques de contrôle ; études acoustiques réalisées dans le cadre d’études technico-économiques, du respect de la législation ou d’études d’incidences sur l’environnement ; études acoustiques réalisées dans le cadre de cartographies et/ou de plans d’action ; vérification et contrôle des sonomètres et appareils de mesure. Le demandeur d’agrément ou l’un des membres de son personnel doit posséder un diplôme de master en sciences appliquées (diplôme d’ingénieur), avoir suivi un cours spécifique en acoustique de minimum 30 heures (durant ses études ou après) et avoir une expérience de trois ans dans un bureau, organisme ou service effectuant des études ou mesures acoustiques. Un diplôme de master d’un autre domaine que les sciences appliquées est accepté, si la personne a suivi un cours spécifique en acoustique de minimum 60 heures (durant ou après ses études supérieures) et qu’elle possède une expérience de cinq ans dans tout bureau, organisme ou service effectuant des études ou mesures acoustiques.
Pour de plus amples renseignements : http://environnement.wallonie.be
En Région de Bruxelles-Capitale, les laboratoires doivent être agréés en application de l’arrêté du 23 juin 1994 relatif aux conditions générales et à la procédure d’agrément des laboratoires. Pour obtenir un agrément pour les paramètres requis dans le domaine environnemental demandé (ici en l’occurrence le bruit), le laboratoire doit avoir été accrédité ou en cours d’accréditation par BELAC (Organisme belge d’Accréditation) ou par tout autre système européen d’accréditation équivalent pour ces mêmes paramètres dans ce même domaine. Contrairement à la règlementation wallonne, les dispositions ne contiennent actuellement plus d’exigence spécifique en termes de diplôme pour l’obtention d’un agrément dans le domaine du bruit. Cependant, dans toute demande d’agrément, le demandeur doit justifier des compétences, diplômes et expérience professionnelle dont il dispose en relation avec l’activité pour laquelle il sollicite un agrément (Ordonnance du 05/06/1997 relative aux permis d’environnement). Il doit, en d’autres termes, pouvoir justifier ses capacités techniques pour le domaine dans lequel il sollicite un agrément ; le diplôme est un des éléments qui permet d’apprécier les capacités du demandeur de l’agrément.
Pour de plus amples renseignements : www.environnement.brussels