La réforme controversée du ministre de la Santé divise les professionnels du secteur

Posté le 23/02/2024  —  Actualité précédente / suivante

Les tensions persistent entre le ministère fédéral de la Santé et les infirmiers en Belgique, alors que le secteur de la santé fait face à une crise sans précédent. 

Un an après la fin officielle de la pandémie de Covid-19, les signes de détresse au sein de la profession s'aggravent, avec une augmentation des cas d'épuisement professionnel et de démissions à travers le pays. La pénurie d'infirmiers menace désormais le fonctionnement même des hôpitaux, contraignant certains à fermer des services, y compris des unités de soins intensifs, en raison du manque criant de personnel.

Dans une tentative de remédier à cette crise, le ministre de la Santé, Franck Vandenbroucke, a élaboré une réforme visant à rendre la profession plus attractive. Cependant, une partie de cette réforme suscite une vive controverse : la création d'une nouvelle catégorie professionnelle, celle des assistants en soins infirmiers.

Cette nouvelle catégorie serait formée en 3800 heures sur une période de trois ans dans l'enseignement supérieur professionnel, tandis que les infirmiers responsables en soins généraux suivent une formation de 4600 heures sur quatre ans pour les bacheliers et 3,5 ans pour les brevetés. Pour de nombreuses associations d'infirmiers, cette proposition représente un retour en arrière inquiétant. En effet, depuis 2016, la durée de la formation des infirmiers avait été augmentée pour répondre aux exigences européennes visant à améliorer la qualité des soins et la sécurité des patients.

Une possible baisse de la qualité des soins qui inquiète 

Les opposants à cette réforme craignent que l'intégration des assistants en soins infirmiers dans les normes hospitalières n'entraîne une baisse de la qualité des soins. Des études académiques ont en effet démontré un lien direct entre le niveau de qualification des infirmiers et la qualité des soins prodigués. Selon ces études, une augmentation de 10 % du nombre d'infirmiers titulaires d'un diplôme de bachelier entraînerait une réduction de 7 % de la mortalité à l'hôpital.

En outre, cette réforme pourrait avoir des conséquences économiques néfastes pour la Sécurité sociale. Si le but du ministère est de réduire les coûts en intégrant des assistants en soins infirmiers moins bien rémunérés dans les normes infirmier/patients, cela pourrait se révéler contre-productif à long terme.

Face à cette situation, l'Union générale des infirmiers de Belgique (UGIB) a engagé une action en justice pour contester les aspects de la loi relatifs au nouveau statut d'assistant. Une manifestation nationale est également prévue à Bruxelles le 21 mars prochain.

Cette réforme controversée promet de rendre la fin de législature difficile pour le ministre de la Santé, qui défend pourtant cette mesure comme une modernisation de la profession infirmière. Cependant, il semble que sur le terrain, de nombreux professionnels de la santé ne partagent pas cet avis.

Le Vif, 23 février 2024


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