Aurélien Champenois,
Mécanicien de cycles

Interview réalisée en décembre 2022

Pouvez-vous nous présenter votre magasin de vente et réparation de vélos ? 

Notre magasin, situé à Couvin, possède à la fois un espace dédié à la vente et un autre à la réparation. Nous sommes spécialisés dans plusieurs marques très connues. 

Quel a été l’incitant pour ouvrir votre magasin de vélo ? 

Quoi de plus beau que de faire de sa passion, son métier ? Evidemment, cela ne s’improvise pas et des années de mécanique ont précédé ce défi de taille. J’ai été durant quelques années un compétiteur. En fait, je répare des vélos depuis mes 14 ans ! Cela me permettait de me payer des outils et des pièces pour améliorer mes vélos de compétition.

Quelles sont les réparations les plus fréquentes ? 

Les crevaisons, les réglages de freins et de vitesses. Le montage de vélos neufs est aussi très fréquent. 

Combien de mécaniciens vélos travaillent dans votre atelier ?   

Nous sommes quatre : deux gérants et deux mécaniciens/vendeurs. Nous répartissons nos horaires en fonctions de l’affluence journalière généralement constatée. 

Est-ce important de se former spécifiquement en mécanique de vélos ou des connaissances en mécanique générale peuvent suffire ?   

Les principes de la mécanique sont semblables et parfois identiques mais les pièces vélo sont plus petites. Comme l’est, par exemple, le frein hydraulique. Mais, cela s’arrête à ce degré de comparaison. Toutes les pièces et ingénieries sont spécifiques. La mécanique générale aidera mais ne suffira certainement pas. 

Que fait un mécanicien vélo lorsqu’il n’a pas de pièces utiles à sa disposition ? 

Les mécaniciens les plus doués parviennent à démonter pratiquement chaque composant, petite pièce par petite pièce. Cela permet parfois de « sauver » un dérailleur ou une manette de vitesse. Malheureusement, de plus en plus de dérailleurs ne peuvent plus être désassemblés et le vélo risque l’immobilisation temporaire. Si la pièce est disponible chez la marque, il sera réparé dans les 3 à 5 jours ouvrables. Si elle ne l’est pas, dans un premier temps, nous consultons nos collègues. Le contexte de pénurie actuel a créé de beaux liens entre professionnels et nous nous aidons autant que possible. Mais cela ne suffit pas toujours car nous recherchons souvent les mêmes pièces.

Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier de réparateur vélos ?

Le beau matériel est certainement un point important. Monter des vélos d’exception est un moment très agréable. Rendre service aux cyclistes nous rend également heureux. 

Quelle est la difficulté du métier ? 

La difficulté actuelle est certainement la rareté des pièces et de certains vélos. Il faut ajouter à cela que de plus en plus de clients déposent leurs vélos sales. On vous demande de le réparer dans la journée alors que vous débordez déjà de travail. Par ailleurs, les clients démarchent pour un prix et oublient la qualité du service après-vente. 

Quelles qualités sont nécessaires ? 

Il faut être passionné et pratiquer le cyclisme, un minimum. Sans cela, le mécanicien sera vite dépassé par les avancées technologiques. Et, il ne faut pas oublier qu’il faut être propre et ordonné. Les magasins sont devenus des vitrines. Cela monopolise beaucoup de temps et d’argent. Les marques de cycles poussent également dans ce sens. 

Y a-t-il un aspect du métier en particulier que vous souhaitez mettre en avant ? 

La politesse et l’honnêteté ne font pas partie de la formation de mécanicien. Pourtant, cela fait fortement partie de la recette du succès. Mais il ne faut pas pour autant se faire marcher sur les pieds par votre clientèle. À l’impossible, nul n’est tenu et si votre travail est de qualité, vous serez incontournable. 

Il faut aussi être ouvert aux innovations technologiques : désormais, l’électrique représente près de la moitié de nos ventes de vélos adultes.

Conseilleriez-vous de suivre des formations continues en mécanique ? 

La formation continue est sans aucun doute le moyen d’être incollable et bon. C’est indéniable, il faut se former le plus souvent possible et sur toutes les nouveautés. Les marques l’ont bien compris et proposent des formations en leurs locaux. Malheureusement, cela est rarement gratuit…

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.