Architecture : quand la passion laisse place à la désillusion
Posté le 15/09/2025 — Actualité suivante |
Ils rêvaient de transformer les villes et d’imaginer les espaces de demain. Pourtant, en Belgique, de nombreux architectes abandonnent la profession avant leurs 35 ans. Derrière la façade prestigieuse du métier, la réalité est marquée par des études exigeantes, une précarité persistante et une charge de travail difficilement soutenable.
Les étudiants en architecture en font déjà l’expérience : près de dix heures de travail quotidien, week-ends compris, et des conditions qui pèsent lourd sur leur santé mentale. Une enquête française révélait en 2023 que 73 % d’entre eux avaient connu une période prolongée de tristesse, d’anxiété ou de dépression. Malgré cela, les inscriptions dans les facultés belges ne cessent de croître, parfois de plus de 70 % en cinq ans.
Mais cet engouement ne se traduit pas par une meilleure insertion professionnelle. Beaucoup de jeunes diplômés, confrontés à des classes surchargées et à un manque de moyens pédagogiques, entrent ensuite dans un marché saturé. Selon le Conseil des architectes d’Europe, près de la moitié des architectes belges avaient moins de 35 ans en 2024, un déséquilibre que certains expliquent par le taux élevé d’abandons autour de cet âge.
Les raisons sont multiples : revenus souvent inférieurs au minimum garanti malgré cinq années d’études, lourdeurs administratives, délais interminables pour obtenir un permis d’urbanisme, statut précaire de faux indépendant, concurrence féroce tirant les honoraires vers le bas. « Beaucoup d’heures, beaucoup de responsabilités, peu de reconnaissance… toutes les conditions sont réunies pour le burn-out », résume une architecte reconvertie.
Face à cette désillusion, les voix se multiplient pour réclamer une réflexion en profondeur : sur la rémunération, la charge administrative et la reconnaissance de la valeur du métier. Car si la passion reste le moteur des architectes, nombreux sont ceux qui constatent qu’elle ne suffit plus à compenser des conditions de travail jugées intenables.
Le Soir, 15 septembre 2025