Métier d’enseignant : baisse des inscriptions en formation

Posté le 16/10/2024  —  Actualité précédente / suivante

Les filières de formation des enseignants connaissent une crise sans précédent en Fédération Wallonie-Bruxelles. En dix ans, les inscriptions dans ces cursus ont chuté de 29 %, une tendance qui s’est encore accentuée cette année. Face à une pénurie de professeurs qui s’aggrave, les hautes écoles oscillent entre espoir et inquiétude pour l'avenir.

Le métier d’enseignant, souvent perçu comme « facile » et peu valorisé, semble perdre son attrait auprès des jeunes. Entre 2014 et 2024, le nombre de nouveaux inscrits en première année a chuté de 6.261 à 4.455, soit une diminution de près de 30 %. La réforme de la formation initiale des enseignants, entrée en vigueur récemment, n’a fait qu’accentuer cette tendance. En allongeant la durée des études de trois à quatre ans pour obtenir un grade équivalent à un master, cette réforme a découragé de nombreux candidats : rien qu'entre 2022 et 2024, les inscriptions ont chuté de 17,6 %.

Une réforme aux impacts multiples

La réforme, qui vise à améliorer la formation des futurs enseignants, a modifié en profondeur le cursus : davantage de stages pratiques, un contact plus étroit avec la recherche, et une collaboration renforcée avec les universités. Geoffrey Lenoir, coordinateur à la Haute École Louvain en Hainaut, voit dans cette évolution une opportunité pour la profession. Mais malgré ces efforts pour rendre la formation plus en phase avec la réalité des classes, la baisse des inscriptions se poursuit, surtout dans la filière de l’enseignement primaire.

Les acteurs du secteur, comme Denis Dufrane, président de la Haute École en Hainaut, tirent la sonnette d’alarme. La section 3, qui forme les enseignants pour le secondaire inférieur, voit ses effectifs tomber à moins de vingt étudiants par promotion. Ce contexte pèse sur le moral des enseignants et pose la question de la pérennité de certaines options.

Entre vocation et choix par défaut

Malgré ce climat incertain, des centaines de jeunes continuent chaque année à s’inscrire en formation pédagogique, motivés par la passion de transmettre et l’envie d’aider la jeunesse à s’épanouir. Pour certains, comme Cassandra, étudiante à la Haute École Albert Jacquard, enseigner représente un rêve d’enfance. Pour d’autres, il s’agit d’un choix de réorientation après un échec dans un autre cursus ou une décision de dernière minute faute d'alternative claire.

Les étudiants, conscients de la pénurie de professeurs, voient néanmoins des perspectives d’emploi assurées à la fin de leurs études. Ils savent que les besoins en personnel éducatif sont importants, même si les conditions d’exercice peuvent être difficiles. Le manque de reconnaissance, la précarité des remplacements et les nouvelles attentes liées aux réformes éducatives rendent la profession exigeante.

En cette rentrée 2024, la ministre-présidente de l’Enseignement supérieur, Elisabeth Degryse, a annoncé une nouvelle baisse des inscriptions, confirmant l’urgence de la situation. Pour beaucoup, la réforme de la formation, bien qu’indispensable, n'a pas encore su convaincre les jeunes.

La Fédération Wallonie-Bruxelles devra trouver des solutions pour redonner envie aux jeunes de se tourner vers l’enseignement. Les défis sont multiples : valoriser la profession, améliorer les conditions de travail et communiquer sur les opportunités d’emploi et les nouvelles attentes éducatives. En attendant, les responsables des hautes écoles craignent de devoir réduire leur offre de formations, voire de fermer certaines sections, si la tendance ne s'inverse pas.

 Le Soir, 16 octobre 2024


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