Immobilier : un secteur en perte de vitesse et des enjeux cruciaux pour la transition énergétique

Posté le 04/11/2024  —  Actualité précédente / suivante

Selon les données récentes d'Embuild, la fédération de la construction, le nombre de permis de rénovation de logements continue de baisser, un recul qui s'ajoute à la crise déjà existante dans le secteur de la construction neuve. Cette situation est d'autant plus alarmante que les exigences en matière de performance énergétique nécessitent d'accélérer le rythme de rénovation.

Les statistiques compilées par Embuild et l’office statistique belge Statbel révèlent un déclin persistant des permis de rénovation depuis 2021. En 2021, 19 493 permis ont été accordés au premier semestre. Ce chiffre a chuté à 16 737 en 2022, puis à 15 522 sur la même période en 2023. Le premier semestre 2024 a enregistré une nouvelle baisse de 4 %, avec seulement 14 917 permis délivrés. Cette diminution de l’activité menace les efforts visant à moderniser un parc immobilier vieillissant : aujourd'hui, trois quarts des logements en Belgique ont plus de 45 ans et n’ont pas été conçus selon des normes énergétiques modernes.

Des objectifs climatiques menacés

Pour atteindre l'objectif d'une neutralité carbone d'ici 2050, le rythme des rénovations devrait tripler en Flandre et même quadrupler à Bruxelles et en Wallonie. Selon les estimations d'Embuild, il faudrait rénover 471 logements par jour pour parvenir à ces objectifs, alors que seuls 144 chantiers sont engagés quotidiennement en moyenne. La fédération rappelle que, pour parvenir à des logements durables, une rénovation en profondeur est essentielle, ce qui nécessite un permis et des investissements importants.

Impact des taux hypothécaires et inquiétudes sur la TVA

La hausse des taux hypothécaires ces dernières années a freiné de nombreux projets de rénovation, souligne Niko Demeester, administrateur délégué d’Embuild. Bien que ces taux commencent à diminuer, un autre obstacle pourrait freiner la reprise du secteur : l’augmentation possible de la TVA sur les rénovations, de 6 % à 9 %. Une telle mesure, actuellement envisagée dans les négociations pour le prochain gouvernement fédéral, pourrait faire grimper le coût de chaque projet de rénovation de 3 000 à 4 500 euros, estime Embuild. La fédération demande au gouvernement de maintenir la TVA à 6 %, et de prolonger ce taux réduit aux projets de démolition-reconstruction pour soutenir la transition vers des bâtiments à haute performance énergétique.

Perspectives pour le secteur de la rénovation

Les chiffres montrent que l'activité des entreprises de rénovation et d'installation a ralenti : après une croissance de 4,3 % en 2022, l’augmentation a été bien plus modeste en 2023 (+1,2 %) et en 2024 (+1,6 %), avec une prévision à seulement +1 % pour 2025. Embuild craint que la situation reste difficile pour le secteur si des mesures ne sont pas prises pour soutenir les projets de rénovation, essentiels pour moderniser le parc immobilier belge.

Alors que le besoin de rénover les logements énergivores se fait de plus en plus pressant, des politiques de soutien, telles que le maintien de la TVA réduite et l'assouplissement des conditions de financement, pourraient aider à relancer un secteur en perte de vitesse. Pour atteindre la neutralité carbone, il est désormais crucial d'adapter les mesures en faveur de la rénovation et de faciliter l'accès aux financements pour les propriétaires et les entreprises.

Le Soir Immo, 4 novembre 2024


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