Mr Charles Vincke, Affréteur
Interview réalisée en février 2019 |
Comment êtes-vous devenu affréteur ?
J’ai commencé mon parcours professionnel chez Lachs, un opérateur de manutention de fret aérien basé à l’aéroport de Liège. Mon rôle était d’affréter la marchandise sur les avions et de faire en sorte qu’elle arrive à temps à l’aéroport de destination. Lachs est une société de handling et d’assistance aéroportuaire où les tâches, les demandes et les cas de figure peuvent être très différents, ce qui m’a permis d’apprendre très rapidement à trouver des solutions dans l’urgence et à gérer le stress et la pression. Ensuite, je suis parti chez Intermarché où j’ai continué à organiser certains transports. Enfin, j’ai travaillé comme dispatcheur chez Lidl, à Marche-en-Famenne. Des expériences qui, toutes, à des degrés différents, m’ont été utiles pour exercer ma fonction actuelle.
D’où vous vient cet intérêt pour la logistique ?
Lors de mon parcours secondaire, j’ai toujours apprécié organiser des événements tels que des soirées, des tournois sportifs/E-sportifs, des spectacles, etc. J’avais également un certain attrait pour tout ce qui était «organisationnel» et, après une visite au salon SIEP, j’ai décidé d’entreprendre un bachelier en Management de la logistique. Il s’agissait d’études inconnues pour moi, je n’avais jamais réellement entendu parler de logistique, mais lorsqu’on m’a présenté ces études, j’ai rapidement compris qu’elles me correspondraient.
Quelles sont les activités de votre entreprise actuelle ?
P.Lemmens Company est spécialisé dans le double flux d’air. Nous produisons des groupes de ventilation qui régulent la qualité (réductions de particules fines), la température et l’humidité de l’air.
Pouvez-vous décrire votre rôle d’affréteur ?
Je m’occupe de l’organisation des transports express (avec encodage via le portail des transporteurs) ainsi que des transports classiques pour le Benelux. Cela suppose de prévenir le transporteur quand la marchandise est prête à être enlevée, de communiquer la taille des palettes de marchandises à transporter et de s’assurer d’avoir le bon moyen de transport, car certains produits sont hors gabarits : il faut prévoir une grue, un camion débâchable par le côté ou par le toit, selon la nature de la marchandise, ainsi que le matériel présent sur place pour décharger. Je m’occupe également de la facturation des commandes et des négociations de contrat avec les transporteurs.
Quelles sont les activités récurrentes, celles que vous faites au quotidien ?
La réservation des différents transports, l’organisation de la journée à l’expédition/réception (les deux services se trouvent dans la même zone, on organise donc les arrivées et les départs afin de ne pas avoir de temps d’attente) mais aussi la recherche de solutions de stockage afin d’absorber les nouvelles gammes/pièces, la résolution de problèmes (soucis de livraison, de chargement, de prélèvement, de pièces perdues, etc.) ou encore l’amélioration des différents flux (fluidifier et rendre plus facile le picking et la production).
Quelles connaissances indispensables et spécifiques faut-il maîtriser pour exercer une telle fonction ?
Il faut pouvoir maîtriser les législations qui touchent à son secteur. Que ce soit dans l’aérien, le transport routier ou maritime, chaque secteur à ses spécificités et ses règlements. De ce fait, plus on maîtrise la législation en vigueur, plus vite on peut répondre à des soucis rencontrés au quotidien.
Je pense qu’il faut avoir un certain feeling avec l’informatique afin de pouvoir s’adapter à tous les programmes qu’on va devoir utiliser. Beaucoup de sociétés ont leur propre programme, il est donc nécessaire de pouvoir s’habituer rapidement à de nouveaux logiciels.
En ce qui concerne les langues, je pense que plus on en parle, mieux c’est car le contact sera toujours meilleur si on peut le faire dans la langue de notre interlocuteur (clients, fournisseurs, etc.). A l’heure actuelle, que cela soit en Belgique ou à l’étranger, on se débrouille toujours avec l’anglais. Dans les transports et la logistique, il est rare que les interlocuteurs ne parlent pas un mot d’anglais.
La profession a-t-elle évolué ces dernières années ?
Elle évolue quotidiennement. Les lois changent régulièrement, que cela soit avec la redevance kilométrique ou les nouvelles obligations que doivent suivre les sociétés de transport. Le secteur du transport évolue fortement ! Il faut pouvoir s’adapter très rapidement…
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
Aucune journée ne se ressemble. Nous pouvons rencontrer un nombre indéfini de problèmes à résoudre. Ce que j’aime également beaucoup, c’est qu’il faut souvent être réactif et pouvoir prendre des décisions très rapidement. C’est aussi un milieu où les contacts sont très importants afin d’intégrer des facteurs externes. Cela demande donc rigueur et résistance au stress, tout ce que j’adore.
Quelles éventuelles difficultés rencontrez-vous dans l’exercice de votre profession ?
La difficulté actuelle est de trouver des chauffeurs consciencieux et qui travaillent par passion et non par obligation. Cela se ressent dans la qualité des livraisons.
Si vous deviez citer trois qualités essentielles pour exercer votre métier, quelles seraient-elles ?
Aimer être sur plusieurs fronts, résister au stress et être à l’écoute de son environnement pour bien identifier les problèmes et les résoudre le plus rapidement possible.
Y-a-t-il un aspect du métier d’affréteur qui vous paraît essentiel, auquel on ne penserait pas de prime abord et qui vous paraît important d’aborder ?
Un affréteur doit trouver des solutions rapides à des problèmes quotidiens, qui diffèrent toujours selon le lieu, l’heure et la marchandise. Il faut donc pouvoir réfléchir dans un laps de temps court et mettre en œuvre des solutions.