Michel De Kerchove,
Technicien de station d’épuration

Interview réalisée en mars 2021

Pouvez-vous retracer brièvement votre parcours scolaire ?

Dans l’enseignement secondaire, j’ai suivi l’option Electromécanique. J’ai ensuite effectué un graduat[1] en Electromécanique, à Arlon. Mais on n’est pas obligé d’avoir un graduat pour ce poste-là.

Quelles ont été vos expériences professionnelles?

J’ai d’abord travaillé dans différents garages automobiles ainsi que dans le domaine de l’audiovisuel. Ensuite, j’ai été engagé à l’Intercommunale Namuroise de Services Publics (INASEP). J’y suis depuis 11 ans.

En quoi consiste votre travail ? 

Mes tâches sont diversifiées. Tous les ouvrages de la station d’épuration sont en télégestion, c’est-à-dire qu’ils sont consultables et même manipulables à distance pour certains. Si un problème technique important survient durant la nuit, le service de garde s’en charge. Si l’intervention peut attendre le lendemain, nous, techniciens, réglons le souci dans la journée.

Nous faisons toujours le tour de la station d’épuration afin de contrôler s’il n’y a pas eu de pollution par hydrocarbure pendant la nuit. En effet, aucune machine ne détecte ce type de pollution. Nous vérifions également l’état de la station d’épuration, électriquement et mécaniquement, soit via notre ordinateur ou via la tour de contrôle. Avec mon collègue, je m’occupe d’une station d’épuration et de la trentaine de pompages qui s’y rapportent. Je travaille également dans des petites stations d’épuration de villages qui ne sont pas rattachées à la station principale. Nous faisons un passage hebdomadaire sur tous les sites afin de vérifier leur état. En milieu urbain, je dois parfois effacer des graffitis sur des ouvrages ou réparer des grillages arrachés.

Chaque semaine, nous effectuons des mesures pour vérifier, par exemple, le taux d’abattement[2] de l’ammoniaque et du phosphore contenu dans l’eau en sortie de la station. Si nécessaire, nous ajoutons des produits chimiques à faible dose pour favoriser cet abattement. Nous épurons l’eau. Nous ne la rendons pas potable.  Cependant, étant donné qu’elle retourne dans la Meuse, elle doit bien sûr être « bonne pour les poissons ».

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

J’aime beaucoup l’électromécanique et la chimie.  Par ailleurs, j’apprécie beaucoup de pouvoir travailler de manière autonome.

De plus, j’ai été attiré par la diversité du travail et la possibilité d’appliquer des cours suivis durant mon graduat. Je fais de l’électromécanique d’industrie que je ne retrouvais pas ailleurs.

Quels sont les aspects positifs et négatifs de votre profession ?

Le côté positif est que je travaille aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. De plus, je me sens utile. Le domaine de l’environnement me plaît beaucoup. Il est très vaste et mêle la chimie à la mécanique et à l’informatique.

Un point négatif est qu’il ne fait pas toujours très propre. Heureusement, nous sommes bien équipés. Par ailleurs, il y a parfois beaucoup de procédures à suivre, de documents à compléter, etc. J’aime moins ce côté administratif.

Quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?

Il faut être un peu touche-à-tout et aimer entreprendre. Posséder des qualités en électromécanique est également indispensable.

Avec qui collaborez-vous ? 

L’INASEP étant une intercommunale, nous collaborons avec les communes lorsque des travaux sont effectués. Le collecteur[3] appartient à l’INASEP mais les égouts appartiennent à la ville. Au sein de la station, je suis en contact avec plusieurs services : maintenance spécifique, télégestion, laboratoire, etc. Je travaille aussi avec des entreprises de curage/débouchage qui vident dans notre station les fosses septiques particulières. Je collabore également avec des sociétés de travaux publics lorsque, par exemple, de nouveaux ouvrages sont à réaliser sur une voirie.

Quelles sont vos conditions de travail ? 

Je porte un habit de travail et des chaussures de sécurité. Lorsque j’effectue une intervention en hauteur ou en profondeur, je suis équipé d’un harnais et d’un casque muni d’une lampe s’il fait noir.

Nous travaillons selon un système de garde qui dure une semaine. Trois personnes se répartissent la province.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui a envie de se lancer dans ce métier ?

Qu’il fonce ! Il n’y a pas de routine dans ce travail. Chaque jour, il se passe quelque chose de nouveau.

Avez-vous une anecdote ?

Nous avons sauvé des tortues qui se trouvaient dans les égouts. Elles avaient bouché le tuyau d’un vidangeur qui est une machine puissante. A part quelques écailles abimées, elles étaient indemnes. Nous les avons lavées, mises dans l’eau claire et avons créé pour elles un vivarium au bureau. Elles se portent toujours très bien. Elles sont un peu devenues nos mascottes !

[1] Ancien nom du bachelier professionnalisant.

[2] Pourcentage de réduction des concentrations mesurées à l’entrée et à la sortie de la station d’épuration.

[3] Reprend les eaux usées de plusieurs réseaux d'égouts pour les conduire à la station d'épuration.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.