Interview anonyme,
Gardien spécialisé protection de personnes
Interview réalisée en janvier 2005 |
Pouvez-vous nous parler de votre société ?
Il s’agit d’une entreprise de gardiennage agréée par le Ministère de l’Intérieur. Nous effectuons les missions suivantes :
- protection et surveillance de biens ;
- protection de personnes ;
- surveillance et contrôle du comportement des personnes dans les lieux accessibles ou non au public ;
- missions avec maître chien ;
- protection de personnes et de biens avec arme ;
- gestion de centraux d'alarme.
Tous nos agents sont formés, autorisés et très expérimentés.
Concrètement, quels types de services offrez-vous ?
L’intervention physique après alarme, la ronde d'ouverture et de fermeture (bureaux, usines, magasins, etc.), la ronde de surveillance, de prévention de vol, dégât des eaux et incendie, la ronde de prévention vol sur des chantiers de construction, la prévention vol à l'étalage dans les magasins et grandes surfaces, la prévention hold-up, chauffeur VIP, l’accompagnement de personnes mais aussi le conseil en matière de placement de système d'alarme et l’audit de sécurité.
Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai longtemps organisé des soirées que ce soit en discothèques ou des soirées privées. On m’a souvent demandé si parallèlement à mes services je pouvais fournir du personnel de sécurité. Ce n’était pas le cas. Il se fait qu’à l’une ou l’autre occasion certaines de ces soirées ont dégénérées ce qui m’a poussé à devoir intervenir moi-même. C’est ainsi que j’ai eu le déclic.
En 1997, j’ai donc commencé, pour me mettre en règle avec la loi Tobback (actuellement remplacée et appelée loi sur la sécurité privée et particulière), à suivre la formation de base. Puis par la suite j’ai suivi la formation “Contrôle des personnes“, la formation “missions armées“, et enfin celle qui du “Personnel dirigeant“, ce qui m’a permis d’ouvrir ma propre entreprise de gardiennage. Le Ministère de l’Intérieur m’a agréé pour les missions que j’ai énoncées précédemment.
Pouvez-vous nous parler plus précisément de la “Protection des personnes“ ?
Il en existe deux types. La protection que je qualifierais d’ “officielle“ et la protection de personnes dites “privées“. Dans la protection officielle, nous ne sommes pas en contact direct avec la personnalité. Nous sommes là avant tout pour apporter un soutien à la protection personnelle du VIP, qui l’accompagne dans chacun de ses déplacements, et aux agents de la Sûreté de l’Etat et du Ministère de l’Intérieur qui vont l’accompagner lors de son séjour en Belgique. On est donc en quelque sorte un “troisième cercle“ de protection.
Par la protection de personnes privées, on entend généralement la protection d’artistes qui viennent en promotion ou en concert ici en Belgique mais aussi celle de personnes, quelles qu’elles soient, qui sont menacées pour une raison ou pour une autre. Ce peut-être le cas d’un dirigeant de société par exemple. Là, nous sommes en première ligne.
Parfois on est armé, si la menace l’exige, parfois pas. De même, parfois nous portons sur nous un gilet pare-balles.
Quels types de personnalités avez-vous été amené à protéger ?
Il y a en a de toutes sortes, par exemple les élèves de la “Star Academy“ ou encore les artistes qui participent à la Fête de la Musique ou à différents podiums en plein air. Je me souviens aussi avoir été appelé en renfort pour la protection de Yasser Arafat lors de sa visite à Liège.
Là, les mesures de sécurité étaient réellement impressionnantes et nous avons donc collaboré avec la Sûreté de l’Etat. J’ai aussi intégré une fois à la protection de Shimon Pérès.
Comment vous contacte-t-on pour ce type de travail ?
La plupart du temps, par internet ! Mais pour ce qui concerne les personnalités, nous avons la chance d’être reconnu dans le milieu, par le Ministère et par certains établissements dans lesquels ces personnalités descendent. Ils connaissent la qualité de nos services et savent que s’ils nous contactent ils auront dans l’heure qui suit des gens de chez nous sur place.
Quelles qualités doit avoir selon vous un agent spécialisé dans la protection des personnes ?
C’est un métier qui demande beaucoup de sacrifices. La disponibilité est essentielle. Lors du départ de Javier Solana de l’OTAN, une erreur administrative a fait qu’aucun agent n’avait été réquisitionné ! Il devait donc rester trois jours dans un hôtel bruxellois sans protection ! On nous a appelés dare-dare et nous avons ainsi assumé ce job. J’ai dû pour cela faire appel à mes agents en dernière minute. Ceci pour dire qu’il n’est pas facile de combiner ce travail avec une vie privée stable. Il ne faut pas non plus avoir l’esprit “fonctionnaire“. On doit pouvoir vous appeler à tout moment du jour et de la nuit.
Autres qualités essentielles : ne jamais céder à la panique et encore moins faire paniquer la personne dont on assume la protection, avoir une grande faculté de résistance au stress et être discret en toutes circonstances.
Quels conseils donneriez-vous à quiconque serait intéressé par la protection des personnes ?
L’expérience prévaut. Honnêtement, un jeune de 20 ans n’a quasiment aucune chance de trouver du travail dans la protection des personnes car cela demande une certaine expérience. Avant de pouvoir protéger une personne quelle qu’elle soit, il faut avoir un certain vécu dans la profession, avoir fait des missions moins “prestigieuses“ comme surveiller dans un magasin par exemple. Cela lui donnera aussi plus de maturité pour aborder certaines situations.
Il s’agit aussi d’un métier à risques donc il faut être conscient de la voie dans laquelle on s’engage.
Avez-vous une anecdote à nous raconter ?
Je me souviens qu’un jour j’ai été amené à assurer la protection d’Ophélie Winter et le lendemain j’étais dans la boue avec mon chien en train de surveiller un entrepôt ! Le métier d’agent de gardiennage demande, comme vous pouvez le constater, une grande polyvalence !