Mr Patrick Neckebroeck, Menuisier

Interview réalisée en septembre 2007

Quelle est votre formation, votre parcours professionnel ?

En secondaire, j’ai fait cinq années de menuiserie à l’Institut Saint-Luc (Mons) ainsi que trois ans d’ébénisterie à l’IFAPME. Ma carrière de menuisier a commencé en 1984, à Ville-sur-Haine, par la fabrication d’abris de jardin. Ensuite, à Seneffe, je me suis occupé de tout ce qui était meubles de finition en bois pour cuisines équipées et j’ai également travaillé à Manage dans la fabrication de salons, de salles à manger et de meubles d’appoint. Je suis installé à Houdeng-Aimeries depuis plusieurs années mais je travaillais déjà depuis quelques années en tant qu’indépendant complémentaire.

Comment pourrait-on décrire votre profession ? En quoi consiste-t-elle ? Quelles sont ses particularités ?

C’est le travail du bois, la fabrication sur mesure de châssis, portes intérieures et cuisines. On a des machines pour nous aider mais le façonnage reste manuel tout comme la plupart des tâches. Depuis toujours, je suis intéressé par la matière “bois“, je ne sais pas trop expliquer pourquoi. Je m’occupe de tout ce qui est fabrication extérieure jusqu’à l’aménagement des greniers. Il existe en fait différents types de menuisiers : ceux qui font uniquement la pose de châssis ou de tout produit déjà fabriqué mais aussi ceux qui fabriquent tout ce qu’on ne trouve pas dans le commerce.

Dans la filière bois, à quel niveau vous situez-vous ?

Juste après les scieries et le séchage du bois. On part d’une matière quasiment brute, vu que tout ce qu’on traite a déjà été façonné et équarri. A partir de cela, on réalise des produits finis ou semi-finis car le client veut, de plus en plus souvent, des produits qu’il ne doit même plus mettre en couleur lui-même.

Quelles sont vos tâches ? Comment se compose votre emploi du temps ?

Je fais de la menuiserie extérieure et tout ce qui a trait aux portes intérieures et aux cuisines équipées. Mes tâches sont diverses : rabotage, sciage, assemblage, collage, ponçage ainsi que la fabrication et la pose sur chantiers. Il y a deux possibilités : soit le menuisier commande ses produits et fait de la pose (là, il n’a pas besoin d’outillage), soit il fabrique lui-même ses produits qu’il va poser. En tous cas, une chose est certaine : il ne doit pas compter ses heures.

Quelles qualités incontournables faut-il réunir pour exercer cette profession ?

Il faut avoir une bonne condition physique, pouvoir soulever des poids et ne pas avoir peur de certaines tâches comme le ponçage qui est un peu rebutant, avoir de bons yeux pour faire un travail soigné et de qualité, savoir déchiffrer des plans, être capable de voir le travail fini en cours de réalisation afin de pouvoir anticiper les aménagements à effectuer sur le projet et enfin pouvoir travailler dans un univers bruyant.

Présente-t-elle certains avantages ou des inconvénients (notamment horaires, risques pour la santé, etc.) ? Quelles difficultés rencontrez-vous ?

Oui, il y a des avantages. C’est un travail manuel, qui comprend beaucoup de choses fort différentes. On n’a pas souvent deux fois le même ouvrage. Au point de vue inconvénients, ce sont surtout les horaires. Ainsi, je commence à 8h mais souvent, je ne sais pas quand je vais finir. Question risques pour la santé, il y a la maladie des sinus (poussières de bois), les problèmes de dos (poids à soulever) et les peintures qui peuvent être toxiques (inhalations). Mais, normalement, il existe des systèmes d’aspiration et de ventilation dans les ateliers.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

La variété des tâches, ce n’est jamais le même travail. Parfois, on a des chantiers intéressants qui nous permettent de réaliser de belles choses. Ce qui me fascine aussi, c’est de voir tout ce qu’on peut faire au départ d’un bois brut !

La profession a-t-elle évolué ? De quelle manière ?

Oui, fameusement ! Tout le travail auparavant effectué à la main est fait maintenant avec des machines : raboteuses, ponceuses. Il existe même certaines raboteuses qui peuvent traiter les quatre coins en même temps. Dans le domaine de la fabrication, certains outils réalisent  aussi plusieurs opérations simultanément alors qu’avant, il fallait travailler opération par opération. Pour les châssis, il existe à présent des centres d’usinage. Ce n’est plus de l’artisanat mais une véritable industrie. Les évolutions sont nombreuses et on doit donc suivre le mouvement. De toute façon, c’est une bonne chose car cela représente pour nous un gain de temps précieux.

Pensez-vous qu’il s’agit d’un métier d’avenir ?

Oui. Il faudra toujours des menuisiers. Il existera toujours des portes intérieures. Qu’elles soient en plastique, en alu ou en PVC, c’est quand même un menuisier qui doit les placer. 

Quels conseils pourriez-vous donner à quelqu’un intéressé par ce métier ?

Il ne faut pas avoir peur de faire des heures supplémentaires. De toute façon,, il est difficile aujourd’hui de s’installer, non pas en tant que poseur, mais surtout en tant que fabricant. Le coût des machines est élevé, et, si on n’en dispose pas, on n’est pas rentable. A l’heure actuelle, il y a aussi beaucoup de gens qui bricolent eux-mêmes ou qui vont dans des magasins de bricolage et cela menace la survie de la profession.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.