Mr Pierre Kroll, Caricaturiste

Interview réalisée en juin 2009

Pourriez-vous retracer pour nous votre parcours scolaire ? 

On peut dire que le métier que j’exerce aujourd’hui est incontestablement mon choix. Mes parents ont tenu à ce que je suive aussi longtemps que possible des études "conventionnelles", c’est-à-dire les secondaires en option latin et l’Université malgré l’apparition d’un talent et d’une passion pour le dessin (d’humour déjà !). J’ai donc obtenu un diplôme d’architecte et un master en sciences et gestion de l’environnement, qui en apparence ne me servent à rien. J’ai travaillé un peu dans ces deux domaines puis j’ai dû faire mon service militaire. Mais j'ai refusé (objection de conscience) et préféré un service civil qui était deux fois plus long (22 mois) dans un théâtre de marionnettes (Al Botroule), ce qui m'obligea à trouver des petits à côtés, comme quelques dessins publiés. Mes parents, ça les a longtemps rassurés et moi, outre des tas de connaissances qui sont utiles pour faire du dessin politique, ça m’a permis d’entamer une carrière artistique avec sérieux et une certaine discipline. Pour gagner un petit peu d’argent, j’ai eu la chance qu’on me paye la publication de quelques dessins dans certains journaux. C’était parti, je n’ai plus arrêté depuis.

Quels ont été vos débuts professionnels ?

J’ai vendu mes premiers dessins en 1984 dans des journaux comme Le Vif, Le Vif L’Express, Pan, La Cité, Le Soir illustré, etc. Mais ce qui m’a vraiment lancé, c’est l’émission "L’écran témoin" à la RTBF, en 1985. C’était assez nouveau, à l’époque, d’avoir un dessinateur qui réagissait à chaud, durant le débat, sur les propos des invités. Je suis essentiellement dessinateur de presse. Mais comme l’humour est un peu mon fond de commerce …ou mon talent, j’en fais d’autres choses : des émissions de radio (Le Jeu des Dictionnaires, etc.), de télé (@llumés.be, Bonnie & Clyde, etc.). Mon métier c’est devenu "être Pierre Kroll".

Qu’est-ce qui vous a attiré dans le dessin ? 

J’ai toujours beaucoup aimé crayonner. À l’école, j’avais plutôt de beaux points en dessin, mais aussi dans les autres branches ! Du coup, mon père ne m’a pas spécialement dirigé vers le dessin. Au final, je me suis tourné vers l’architecture.

Quels sont les qualités nécessaires pour devenir caricaturiste ?

Il faut à la fois surprendre et le faire avec une espèce d’évidence, même s’il n’est pas facile de traduire toutes ces nuances ! Je dirais qu’il faut que ça soit "efficace", qu’on ne sente pas l’effort mis pour trouver l’idée et la dessiner. Ca doit avoir l’air d’être fait avec désinvolture, en s’amusant soi-même…même quand ce n’est pas le cas. 

Quelle définition donneriez-vous au dessin d’humour ?

Un mélange de formes artistiques et de moyens de communication qui traite l’actualité sommairement.

Quelles évolutions techniques avez-vous pu constater depuis vos débuts ?

Pour ma part, je fais tout on ne peut plus traditionnellement à la main (dessin, lettrage, couleurs, etc.). La technologie n'intervient que pour scanner... et envoyer.

Qu’est-ce que vous appréciez le moins dans votre travail ?

De loin, le plus dur, c'est le stress d'avoir à produire sans cesse dans l'urgence. C'est franchement lourd même si le métier a faussement l'air d'une récréation permanente. Et aussi le fait d'être en permanence "exposé" aux critiques, jugé tout le temps…

Racontez-nous une journée type, votre quotidien…

Mes journées sont différentes mais toujours très chargées, toujours avec lecture et écoute des médias, toujours avec plusieurs dessins à fournir dans des délais courts incontournables. 

Quels sont les conseils que vous pourriez donner à une personne qui souhaite se lancer ?

Participer à des concours peut être un tremplin. Un dessin primé peut attirer l’attention sur un CV. Mais on peut très bien aussi, et je suis sûr que ça existe, passer sa vie entière à être exposé dans des concours sans jamais être publié dans la presse. Ce n’est d’ailleurs pas mal. Il y a de brillants amateurs et d’assez mauvais professionnels. Moi, je donne souvent le conseil de plutôt essayer de se faire publier dans n’importe quelle petite publication, d’association, de clubs, etc. Le plus possible…jusqu’au jour où ça devient presque naturellement des journaux plus importants.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.