Relieur·euse
Mise à jour 17/04/2015 |
Ancêtre du brocheur avec lequel il cohabite parfois, le relieur est un artiste à sa manière et le gardien d’un savoir-faire ancestral. C’est lui qui assemble les feuilles et relie les cahiers entre eux.
L’artisan relieur travaille encore à la main, avec des matériaux nobles (or, cuir, vélin, papier et carton…). Il intervient généralement sur des livres rares, prestigieux ou plus ordinaires (atlas anciens, premières éditions, livres illustrés, éditions numérotées, BD originales, revues, manuscrits, photocopies, etc.) afin de les rendre à nouveau solides, souples et manipulables et donc, de les conserver le plus longtemps possible. Il décide de remplacer ou de conserver la couture d'origine, vérifie la solidité des fonds et répare chaque déchirure éventuelle.
Dans le cas d'une nouvelle couture, il démonte délicatement les cahiers du livre, gomme les salissures et ré-assemble. Il appliquera pour cela différentes techniques: celle du passé-carton (traditionnelle), où les cahiers et la couverture sont assemblés par couture sur ficelles en lin, ou encore la technique de l'emboîtage (de Bradel) où le bloc des pages - préalablement assemblées - est consolidé par une mousseline avant d'être emboîté dans une carcasse en carton déjà recouverte du matériau final (toile, papier, demi-cuir, plein-cuir, etc.). Les techniques appelées soudure-emboîtage (collage à froid du dos et emboîtage dans les couvertures réalisées séparément) ou couture-emboîtage (piqûre machine double croisée et emboîtage dans les couvertures réalisées séparément) sont aussi utilisées. Enfin, il arrive que le relieur complète son travail par de la dorure.
Dans l’imprimerie industrielle, les opérations sont largement automatisées. Ce poste fait partie de ceux que peut occuper un opérateur de façonnage, avec le conducteur de presse, le conducteur de plieuse, le brocheur et le relieur. Le travail du relieur est de plus en plus automatisé (ou assisté par ordinateur), mais le savoir-faire humain garde une place importante.
Mme Rose-Mary Dath, Relieuse Lire l'interview
Compétences & actions
- Connaître les matériaux et leurs propriétés (papier, tissus, peaux, colle, encres, carton, etc.)
- Maîtriser les étapes de la chaîne de fabrication de l’imprimerie, les techniques de reliure (travail artisanal)
- Utiliser différents outils (cisaille, étau, tiroirs, presses, vieux fers à repasser, poids, scalpels, etc.) et machines
- Maîtriser la palette des couleurs
- Respecter les délais imposés
- Effectuer des recherches sur l'histoire du livre
Savoir-être
- Créativité
- Autonomie
- Organisation
- Rigueur, précision
- Sens artistique
- Sensibilité technique
- Sens artistique et graphique
- Ingéniosité
Cadre professionnel
Métier autrefois répandu, aujourd’hui méconnu, le relieur s’inscrit dans l’histoire du livre, dans la recherche de son passé et dans la création du futur. De partout, les manuscrits anciens délabrés aboutissent sur la table de travail du relieur.Le travail fini repartira chez l’antiquaire, au Vatican, dans les archives de l’État. Le relieur travaille aussi bien pour des particuliers que dans des entreprises artisanales, des imprimeries, des bibliothèques, des services d'archives, des notaires, etc.
Si la sauvegarde du patrimoine ancien constitue un débouché pour le relieur (préservation, restauration, reconstitution de reliures et de leurs décors), il faut néanmoins savoir que la conservation et la restauration de livres s'est dotée ces dernières décennies de divers outils et une réflexion spécifique s'est développée dans cette branche. Le secteur se professionnalise et on peut s'attendre à ce que les relieurs soient de moins en moins invités à restaurer des ouvrages.
Le relieur peut aussi dispenser des formations dans les écoles ou chez lui, dans son atelier.