Mme Isabelle Prevost,
Assistante de production

Interview réalisée en septembre 2010

Pourriez-vous nous parler de votre métier ? En quoi consiste-t-il concrètement ?

C’est un peu compliqué à définir. Il s’agit d’une fonction très floue car il y a autant de profils que d’assistants. C’est d’abord lié à la fonction en tant que telle : à la RTBF, l’assistant de production peut travailler en radio ou en télé, pour des émissions ou en info, ce qui rend les tâches très variées. Ensuite, d’après moi, c’est aussi la personne qui crée la fonction. Un jour, j’ai remplacé une assistante de production et à son retour, elle était étonnée de voir que je n’avais pas fait exactement la même chose qu’elle. J’avais en effet demandé à faire d’autres tâches comme aller aux conférences de presse. Pour sa part, elle n’y avait jamais pensé. Le travail sera également différent si on travaille pour le cinéma ou une boite de production audiovisuelle privée. L’assistant de production peut aussi avoir plus ou moins de responsabilités et de travail selon qu’il travaille avec des délégués de production, avec un ou plusieurs producteurs.

Concrètement, l’assistant de production doit faire en sorte que le produit puisse avoir lieu. On ne s’occupe pas du contenu mais plutôt de la mise en forme, de la faisabilité. On réalise des devis de production ou on aide les producteurs à les réaliser, on réserve du matériel (caméras, véhicules), on contacte les personnes chargées du planning des différents professionnels nécessaires au tournage des reportages (cameraman, preneur de son, monteur, etc.). Quand il y a des reportages à l’étranger, on est en contact avec le service «voyages» qui se charge de réserver les billets, les véhicules, etc. On coordonne vraiment la partie matériel, logistique.

C’est donc véritablement un travail d’équipe ?

Oui, on est vraiment le point de jonction entre le demandeur (la rédaction, les journalistes) et les fournisseurs (de matériel ou de personnes).

Vous avez également travaillé pour la radio. Le travail est-il différent ?

Oui tout à fait. La radio est un média beaucoup plus léger. Si on veut un reportage, un journaliste avec son matériel suffit (même si c’est mieux d’avoir un preneur de son aussi mais ce n’est pas toujours possible point de vue budget). En télé, en plus du journaliste, il doit y avoir au minimum un cameraman, un monteur, un mixeur, etc. C’est plus lourd, on est moins dans l’instantané. En radio, j’étais aussi régulièrement en studio pendant les journaux. Je signalais au technicien les moments où il devait lancer les sujets et ce, dans le bon ordre.

D’après vous, quelles sont les qualités à posséder pour exercer ce métier ?

Il faut une bonne gestion du stress, notamment en info car c’est forcément lié à l’actualité. Il y a donc des moments très calmes et d’autres où tout s’enchaîne. Quand je travaillais en radio, la tranche horaire du matin (6h-9h) était très dense avec trois journaux et puis la tranche suivante, de 9h à 12h, était par contre plus calme. En info, vous pouvez arriver le matin en pensant avoir une journée calme et puis l’actualité en décide autrement. Il faut donc être flexible. Il faut aussi être organisé et consciencieux, curieux, motivé et ouvert. Il faut aussi, ce qui est logique, être un minimum intéressé par l’émission pour laquelle on travaille.

Quel est votre horaire de travail ?

Normalement, j’ai des horaires de bureau mais il se peut que je doive rester parfois plus tard, en fonction des besoins de l’actualité. Quand je ne m’occupais que des équipes du journal télévisé du jour, je commençais à 8h30 pour terminer à 20h mais je ne le faisais que quatre jours sur la semaine par exemple. En radio, il m’est arrivé de faire 6h-14h ou 11h-20h.

Qu’est ce que vous appréciez le plus dans votre travail ?

La diversité ! C’est une succession de petites ou grandes tâches toujours différentes. J’aime aussi le fait d’être en contact avec beaucoup de personnes différentes et d’être au coeur de l’actualité (dans le cas de l’info).

Quel est votre parcours?

J’ai choisi de faire des études en communication car c’était des études plutôt généralistes et c’était dans l’optique aussi de choisir l’option en lien avec les métiers du livre. Quand je suis arrivée en master, les modules ont été complètement modifiés et il n’y avait plus cette option donc je me suis dirigée vars l’anthropologie. Ensuite, j’ai fait l’agrégation et mon premier job était prof de morale en contrat de remplacement.

Après cela, je me suis retrouvée sans emploi et c’est le hasard qui m’a conduit à la RTBF. C’est via des connaissances que j’ai appris qu’on cherchait quelqu’un à la RTBF. La secrétaire d’info s’était cassé le bras et ils cherchaient quelqu’un pour la remplacer. Je me suis donc présentée, même si je n’avais pas du tout le profil d’une secrétaire, et je me suis retrouvée avec deux dactylos ! A la fin de la journée, le rédacteur en chef m’a dit que les deux autres tapaient plus vite que moi mais qu’elles avaient une moins bonne orthographe et comprenaient apparemment moins bien de quoi il s’agissait. J’ai donc été prise pour ce remplacement avant de passer assistante de production. Il faut savoir que pour exercer le métier de secrétaire d’info et celui d’assistant de production, il faut un diplôme supérieur de type court. 

Quels sont les conseils que vous pourriez donner à une personne qui veut se lancer dans le milieu?

Il faut savoir ce que l’on veut. Le métier d’assistant de production peut être un tremplin pour devenir journaliste, par exemple, mais on peut aussi ne faire que ça toute sa vie. C’est mon cas et j’en suis satisfaite. De plus, le métier d’assistant n’est pas toujours valorisé et donc, il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.