Mr Jean-Jacques Detraux, Psychologue

Interview réalisée en janvier 2009

Psychologue et pédagogue de formation, professeur à l’ULiège.

Pouvez-vous nous parler du cursus en psychologie à l'ULiège ?

Le bachelier en Sciences psychologiques et de l’éducation, orientation générale, donne l’accès direct au master en Sciences psychologiques ou au master en Sciences de l’éducation. Le bloc 1 est commun au bachelier en sciences psychologiques et de l’éducation orientation logopédie. Le bloc 2 comporte 45 crédits communs aux deux orientations, alors que le bloc 3 compte 15 crédits communs. Lors de la 3ème, les étudiants doivent choisir une option parmi les 5 suivantes : "Psychologie clinique", "Psychologie sociale et du travail", "Psychologie biologique", "Psychologie du développement et de l’éducation", "Criminologie". Cette dernière option permet également l’accès au master en criminologie.

Pour ce qui concerne le master en Sciences psychologiques, en deux ans, la Faculté propose une finalité approfondie et trois finalités spécialisées : "Psychologie sociale, du travail et des organisations", "Neuroscience cognitive et comportementale" et "Psychologie clinique". Outre le choix d’une finalité, l’étudiant choisit un module principal correspondant à un ensemble de cours liés à la finalité spécialisée choisie, ainsi qu’un module complémentaire permettant un complément de formation dans un autre domaine. 

Pouvez-nous nous parler plus spécifiquement des finalités ?

La finalité en psychologie sociale, du travail et des organisations introduit les étudiants aux problématiques rencontrées par l’homme dans le monde du travail et dans son organisation : le stress et le bien-être, le positionnement dans une équipe, la charge et la pénibilité du travail, l’organisation des formations du personnel, l’évolution de carrière, la sélection, l’adaptation du travailleur à son milieu de travail, la prévention des accidents de travail, l’évolution des technologies, les contraintes de temps, les rapports entre vie de travail et vie hors travail, etc.

La finalité en neuroscience cognitive et comportementale étudie le système nerveux et plus spécifiquement les comportements en lien avec la structure du cerveau. Les neurosciences comportementales étudient les bases biologiques du comportement. Il s’agit donc de travaux de recherche fondamentale : par exemple, l’étude du sommeil et la formation des rêves, les modes d’action des drogues qui modifient les comportements, les émotions, la mémoire, la reconnaissance des visages, etc. Les neurosciences cognitives sont également ciblées sur le langage, les représentations mentales, la conscience ou en termes plus généraux les relations entre cerveau et traitement de l’information. Cette finalité conduit aussi à travailler en éthologie.

La finalité en psychologie clinique est certainement la plus populaire auprès des étudiants. Il s’agit d’un domaine vaste. La psychologie clinique est une discipline se souciant du bien-être et de la santé mentale de la personne, enfant, adolescent ou adulte, avec ou sans déficience et leur apportant, à leur demande ou à la demande de tiers, une aide psychologique. Elle se fonde sur des théories du développement et du fonctionnement de l’être humain, théories soumises continuellement à la critique scientifique et utilise divers courants et diverses techniques, soit de manière privilégiée soit en combinaison les unes avec les autres, avec le souci de l’efficience, à savoir un rapport vérifiable entre les objectifs définis et les moyens mis en œuvre.

La psychologie clinique peut s’appliquer à une personne, à un couple, à une famille, à un groupe, dans divers contextes ou milieux professionnels (privé, public, organisationnel, scolaire, sportif, réhabilitation, rééducatif, justice, associatif).

Elle peut prendre diverses formes : entretien, passation d’épreuves, observation, rééducation, revalidation, soutien psychologique, counseling, guidance et orientation, psychothérapie, intervention psychopédagogique, etc.

Cette dernière finalité comprend 3 filières :

  • la filière "Neuropsychologie clinique" se situe à l’interface entre les neurosciences cognitives et la psychologie clinique. Cette filière offre à l’étudiant une formation complète et diversifiée (cours théoriques, exercices pratiques, stages cliniques) en neuropsychologie, centrée sur la compréhension, l’évaluation et la prise en charge des troubles cognitifs et comportementaux faisant suite à un dysfonctionnement cérébral, et ce tant chez l’enfant, chez l’adulte que chez la personne âgée (par exemple, maladie d’Alzheimer) ;
  • la filière "Psychologie scolaire et psychologie du handicap" se base sur les connaissances en neurosciences, en psychologie du développement et sur les méthodes de la psychologie expérimentale. Elle envisage les troubles de l’apprentissage chez les enfants en âge préscolaire, chez les enfants en âge scolaire et chez les adultes. Elle aborde l’intervention psychopédagogique et l’accompagnement de personnes vulnérables, avec des difficultés d’apprentissage spécifiques (dyslexie, dysphasie, dyspraxie, troubles de l’attention et hyperactivité), ou encore avec des déficiences intellectuelles, motrices, sensorielles ou encore de l’autisme ;
  • la filière "Psychopathologie clinique" utilise les concepts de la psychologie dynamique, de la psychologie systémique, de la psychologie comportementale et cognitive et de certains concepts issus de la psychologie sociale et de l’anthropologie pour évaluer et intervenir auprès de l’enfant, de l’adolescent, de l’adulte, de la famille, des personnes âgées, des personnes délinquantes ou toxicomanes. Cette filière se fonde à la fois sur des méthodes qualitatives et quantitatives.

Un référentiel de compétences a été élaboré pour la psychologie clinique. Il précise quelles sont les compétences attendues chez un clinicien en psychologie, en se basant sur les situations professionnelles. Ce référentiel fonde la démarche d’évaluation des stages amenant l’étudiant à rendre compte de sa progression tout au long de sa pratique en situation professionnelle. Un dialogue se construit ainsi entre l’étudiant, le maître de stage et le responsable académique et assure une formation professionnelle de qualité, développant des savoirs, des savoir-faire et des attitudes professionnelles attendues d’un psychologue clinicien.

Y a-t-il d'autres cours que ceux de la finalité ?

En plus de la finalité, du module principal et du module complémentaire, le programme du master inclut également des stages, un séminaire d’accompagnement des stages, un cours de langue, un cours de déontologie et un mémoire.

Quels peuvent être les stages possibles ?

Les stages sont liés au module principal choisi. Parfois, un stage en dehors du module principal peut être réalisé sur accord du responsable académique. Le mémoire s’effectue sous la responsabilité d’un promoteur choisi par l'étudiant.

Ces études attirent-elles les étudiants ?

En bloc 1 à l’ULiège, ils sont généralement 450. Plusieurs étudiants abandonneront parce qu’ils auront vu que les études ne correspondaient pas à leurs attentes, d’autres échouent aux examens et ce, pour diverses raisons et d’autres encore se réorientent vers un autre master. Il n’y a pas de sélection sur dossiers pour entrer en master, et l’on y retrouve environ 160 étudiants.

Que faut-il maîtriser pour entamer ces études ?

Comme pour toutes études universitaires, avoir une capacité d’écoute et de synthèse, une maîtrise de la langue tant écrite qu’orale ainsi qu’une capacité à lier des relations avec ses pairs sont des atouts essentiels. Pour s’engager dans des études en psychologie, la maîtrise de l’anglais est un plus car la majeure partie de la littérature scientifique est en anglais. Ainsi, un séjour linguistique avant d’entrer à l’Université est loin d’être inutile. Tout au long des cinq années d’études, un cours de langues est prévu afin d’amener l’étudiant à maîtriser une seconde langue voire une troisième langue.

Au cours de sa formation, l’étudiant doit aussi s’attendre à avoir un enseignement important en statistiques ainsi qu’en biologie et en physiologie. Cependant il n’est pas indispensable d’avoir fait un programme de sciences fortes ou un programme spécial en mathématiques au cours de l’enseignement secondaire. Il faut cependant savoir que, outre des cours dans divers domaines de la psychologie, l’étudiant sera confronté dès la première année, à diverses disciplines scientifiques. Par ailleurs, rappelons qu’au cours des trois premières années à l’Université, l’étudiant va recevoir un enseignement essentiellement théorique. Ce n’est qu’à partir de la troisième année et ensuite dans la cadre des stages et travaux pratiques en master que l’étudiant sera amené à travailler dans des situations concrètes de terrain.

Quelles différences faites-vous entre le master en Sciences psychologiques et le bachelier professionnalisant en Assistant en psychologie ?

Pour être psychologue, il faut être détenteur du master en Sciences psychologiques. Le titre de psychologue est un titre protégé en Belgique comme dans d’autres pays européens. Le bachelier professionnalisant (en Haute-École) en Assistant en psychologie ne donne donc pas accès à ce titre. De manière concrète, on peut dire que l’assistant en psychologie est bien formé sur des aspects techniques (comme par exemple faire passer des tests), mais n’a pas toutes les connaissances requises pour les interpréter avec toutes les nuances souhaitables. Les étudiants qui sortent de ce bachelier peuvent travailler par exemple en centres PMS ou en entreprise, mais ils seront toujours sous la responsabilité d’un psychologue.

Quels pourraient être des débouchés moins connus ?

De manière générale, on peut affirmer que la psychologie, reposant de plus en plus sur des bases scientifiques solides, est une discipline qui ouvre à de nombreux débouchés dans des domaines aussi divers que l’entreprise et le secteur économique, le milieu scolaire, le milieu hospitalier, les centres de rééducation, les consultations privées mais aussi la publicité, les programmes de prévention, la formation, la résolution de conflits, la criminologie, la politique (techniques de communication). Parfois, le psychologue s’impose dans un secteur en créant son propre poste de travail. Plusieurs diplômés, atteints par le virus de la recherche, vont poursuivre une carrière de chercheur en réalisant une thèse de doctorat puis éventuellement en poursuivant une carrière à l’Université. D’autres encore vont s’engager dans des programmes humanitaires et développent ainsi une expertise dans le domaine interculturel.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.