Saltimbanques, créateurs d’émotions
Le secteur du cirque, des arts forains et de la rue a connu une reconnaissance tardive mais ô combien essentielle ! En effet, les spectacles proposés, les artistes engagés et les conditions de travail diffèrent tellement des autres domaines, comme le théâtre par exemple, que le secteur se devait de posséder ses propres moyens pour s’épanouir.
Les circassiens et autres professionnels présentés dans ce carnet ont cette particularité d’être souvent itinérants et d’exercer leur art en dehors des murs. Ils vont à la rencontre du public dans la rue, lors de festivals, dans une structure ou sous un chapiteau déplacés de villes en villages. Dans ces conditions, la vie en communauté fait fréquemment partie intégrante de leur cadre de travail.
Leur créativité est mise au service de l’émotion, dans le but de proposer des numéros étonnants, touchants, comiques ou satiriques. Les différentes techniques circassiennes présentées supposent également un entraînement physique intense, quitte à repousser ses limites.
Enfin, les artistes du cirque, des arts forains et de la rue sont avant tout polyvalents ! Notamment par nécessité, au vu du statut quelque peu précaire du secteur (qui reste le moins subsidié en Fédération Wallonie-Bruxelles). Cette polyvalence est présente en termes de fonction. En effet, il n’est pas rare qu’un artiste occupe parallèlement un poste plus administratif (gestion, ressources humaines, diffusion, promotion, etc.) au sein de la compagnie à laquelle il appartient ou qu’il aura créée. Il peut aussi endosser lui-même des rôles techniques, comme la mise en place du matériel, la technique de son et lumière, etc.
Mais la polyvalence prend aussi et surtout la forme d’une ouverture vers d’autres disciplines, d’autres formes d’art, d’autres cultures. Les numéros présentés en ressortent plus riches artistiquement car ils proposent une association des techniques traditionnelles du cirque à celles du théâtre, de la danse, des arts plastiques, de la musique ou même du cinéma. Le secteur connaît donc une importante évolution. En fonction de l’effet désiré, les numéros peuvent ainsi être agrémentés de projections, de musique, d’effets spéciaux, de bruitages, etc. Toute cette mixité suscite les échanges, entraîne des rencontres enrichissantes et génère des spectacles surprenants.
Les métiers
Métiers liés : Cascadeur·euse, Clown, Contorsionniste, Echasseur·euse, Equilibriste, funambule, Jongleur·euse, Trapéziste.
Métiers liés :
Régisseur·euse de spectacles,
Technicien·ne des effets spéciaux /
Métiers liés : Acrobate voltigeur·euse, Acteur·rice, Clown à l'hôpital, Improvisateur·rice, Jongleur·euse, Magicien·ne, Mime.
Métier lié : Monteur·euse de chapiteau.
Métiers liés : Acrobate voltigeur·euse, Equilibriste, funambule, Trapéziste.
Métiers liés :
Jongleur·euse,
Technicien·ne des effets spéciaux /
Métier lié : Acteur·rice.
Métiers liés : Eleveur·euse, Entraîneur·euse de chevaux, Maître-chien, Moniteur·rice de chiens-guides.
Métiers liés : Acrobate voltigeur·euse, Cascadeur·euse, Contorsionniste, Echasseur·euse, Jongleur·euse, Trapéziste.
Métiers liés : Entraîneur·euse sportif·ive, Professeur·e d'éducation physique.
Métiers liés : Acrobate voltigeur·euse, Clown, Cracheur·euse de feu, Equilibriste, funambule, Trapéziste.
Métiers liés : Clown, Improvisateur·rice, Magicothérapeute, Marionnettiste, ventriloque, Mime.
Métiers liés : Charpentier·ère, Charpentier·ère en structures métalliques, Concepteur·rice d'agrès, Couvreur·euse, Monteur·euse en structure bois.
Autant savoir
Reconnaissance du secteur
Le cirque, les arts forains et les arts de la rue font partie des domaines qui composent les arts de la scène. En Belgique francophone, c’est la Fédération Wallonie-Bruxelles et plus particulièrement le Service général des Arts de la Scène qui en possède les compétences.
La reconnaissance de ce secteur à part entière n’intervient pas avant mai 1999, lorsqu’un décret-cadre ajoute un quatrième domaine au secteur des Arts de la scène. Après le Théâtre, la Musique et la Danse, le Cirque, les Arts Forains et les Arts de la Rue sont donc officiellement reconnus. En 2000, un budget spécifique est attribué à ce secteur et un service administratif est mis en place au sein du Service général des Arts de la Scène. Suite à un important travail de reconnaissance, de définition des besoins et des attentes, deux initiatives ont ainsi vu le jour en 2002 afin de soutenir le secteur : la création d’une commission d’avis composée d’experts et la réalisation d’un guide des Arts de la Rue, des Arts du Cirque et des Arts Forains, intitulé « Le Nomade » (en collaboration avec l’asbl Olé Olé).
Depuis maintenant une dizaine d’année, malgré les moyens limités dont il bénéficie, le secteur ne cesse de se développer et de donner naissance à des initiatives multiples.
Lorsque l’espace public devient scène
Les artistes faisant partie des arts de la rue et des arts forains, mais aussi les circassiens, ont cette particularité de se produire dans la rue ou dans d’autres espaces publics, hors des murs des salles de spectacles traditionnelles.
Ce passage de la scène de spectacle à la rue a d’abord eu lieu par nécessité, avant de devenir un choix essentiellement artistique. Déjà à l’époque de Molière, le théâtre avait investi la rue et se déplaçait de village en village. Il y a un peu plus de trente ans, la vague folk et la culture hippie en provenance des Etats-Unis déferlent chez nous avec dans leur sillage, la création de grands rassemblements populaires mêlant musique, spectacles forains et artisanat. Certains artistes proposaient également un théâtre engagé sous forme de représentations dans la rue, dans les villages et destinés à tous les publics. Il s’agit des premiers balbutiements du théâtre de rue et des arts forains dans notre pays. Cette naissance est également liée à un changement dans le cirque traditionnel. En effet, le public déserte de plus en plus les chapiteaux pour aller à la rencontre des artistes dans la rue et dans les festivals.
Parenthèse sur le cirque classique et le cirque contemporain
Plus que toute autre forme artistique, les arts du cirque ont connu de nombreuses mutations ces trente dernières années. Aujourd’hui, nous assistons à une cohabitation entre le cirque classique et ses normes établies et le cirque contemporain, libre de toutes frontières et sans limites.
Le cirque classique naît au 18e siècle sous la forme de représentations spectaculaires, gérées par des dynasties ou des alliances entre familles du cirque qui se transmettaient leur savoir-faire de génération en génération. Spectacle proposé sur une piste circulaire, généralement sous chapiteau et associé à l’itinérance des artistes, le cirque traditionnel trouve ses origines dans les jeux de l’Antiquité et les bouffonneries des amuseurs publics, troubadours, jongleurs ou bateleurs du Moyen Age. Au 18e siècle, le cirque dit « moderne », créé en Angleterre en 1768 par Philip Astley, se développe. Il s’agissait essentiellement d’un spectacle équestre, rejoint dans le courant du 19e par d’autres disciplines telles que le trapèze volant ou encore le dressage de fauves. Bien que moins répandu aujourd’hui, le cirque traditionnel existe toujours à travers quelques familles ayant continué le travail de transmission d’une ou plusieurs disciplines ou au sein de nouvelles compagnies qui proposent des spectacles sous chapiteau et uniquement centrés sur les disciplines de base du cirque.
Au cours du 20e siècle, on assiste à un renouvellement, à une nouvelle approche du cirque. Fin des années 70, le paysage mondial du cirque s’ouvre à de nouvelles perspectives et opportunités artistiques. La création de festivals et d’écoles de cirque marque notamment ce renouveau. Les disciplines circassiennes dépassent le divertissement et le cirque s’entend désormais en tant qu’« arts du cirque ».Le cirque traditionnel fait place à une hybridation des formes où l’on associe les disciplines de base à d’autres pratiques issues du théâtre, de la danse ou encore des arts plastiques. Une nouvelle génération d’artistes polyvalents voie le jour, place au cirque contemporain !
Dans les années 80, ce que l’on appelle le « nouveau cirque » et les arts de la rue sont en pleine effervescence tandis que les années 90 et 2000 marquent une nouvelle ère d’affirmation du secteur.
Les festivals se développent, les compagnies se multiplient, les différents théâtres forains et les nouveaux spectacles circassiens s’exportent bien.
Le secteur a la particularité de vivre selon un mode d’itinérance, allant à la rencontre du public de place en place et s’inscrivant dans l’espace public. Les structures des spectacles ne sont plus figées et suivent les artistes au gré de leurs représentations, traversant ainsi les frontières géographiques et culturelles. Le public raffole de ce rapport plus intime, de cette proximité et de l’inventivité dont font preuve les compagnies actuelles.
Artistes aux compétences multiples
Le secteur des arts du cirque, des arts forains et de la rue exige de la part des artistes la maîtrise et la mise en œuvre d’une série de compétences, alliant savoirs techniques et artistiques.
La polyvalence apparaît, plus que dans toute autre discipline, comme étant une compétence primordiale dans la carrière d’un circassien ou d’un artiste de rue. En effet, les nombreuses évolutions du secteur et les conditions de création, de production et de diffusion sont telles, qu’elles ont amené les artistes à se diversifier artistiquement, à s’ouvrir aux autres arts tels que la danse, le théâtre ou la musique mais aussi à occuper différents postes dans la gestion même d’une compagnie ou d’un spectacle. Les artistes sont ainsi régulièrement amenés à prendre en charge les exigences techniques (son, lumière, décor, costumes…) liées au spectacle. Ils doivent également posséder une parfaite connaissance des règles de sécurité liées à leur numéro. La polyvalence dans tous ses états implique une grande capacité d’adaptation.
Si l’artiste possède plusieurs cordes à son arc, il n’en reste pas moins qu’il exerce un métier exigeant, nécessitant un entraînement physique constant au plus haut niveau et une autodiscipline rigoureuse. Une bonne condition physique, une parfaite maîtrise de la technique et une créativité débordante donneront naissance à des spectacles magiques.
L’itinérance du secteur entraîne quant à elle une mobilité importante et la vie en communauté fait souvent partie du quotidien des artistes du voyage, surtout s’ils tournent avec une compagnie. Cette mobilité étant de plus en plus internationale, la connaissance des langues joue un rôle important également.
Marché de l’emploi
L’emploi dans le secteur du cirque, des arts forains et de la rue est quelque peu atypique. Le fait qu’il ne soit pas standardisé entraîne énormément de variété dans les fonctions mais également un statut précaire. Toutefois, les artistes de ce secteur peuvent compter sur un très bon fonctionnement de réseaux professionnels (formels ou non).
Le recrutement a lieu généralement par le bouche-à-oreille et par lettres de recommandation. Certaines structures ont recours à des appels à candidatures pour des places vacantes, procèdent à une première sélection puis à une audition mais cette procédure est de plus en plus rare. D’autres organisent également des programmes de formations ou de stages qui permettent un premier contact avec les artistes et, par après, un éventuel recrutement. Il faut également souligner l’importance grandissante d’Internet et des supports vidéo, de plus en plus utilisés par les programmateurs et employeurs pour la recherche d’artistes et de numéros.
Les festivals et compétitions sont aussi très importants pour l’insertion professionnelle des jeunes diplômés. Ils représentent en effet l’occasion idéale pour se présenter et permettent de se créer un réseau de connaissances non négligeable pour la suite de la carrière. Carrière qui peut avoir lieu au sein d’un collectif (compagnies, entre autres) ou en tant qu’artiste indépendant et interprète ou intégrant une compagnie de grande taille.
L’enseignement est également prisé par les artistes, parallèlement à leur carrière ou en tant que reconversion. Lors d’une enquête menée par la Fédération Européenne des Ecoles de Cirque Professionnelles (FEDEC)[1], 87,4% des participants avaient une activité principale dans le domaine du cirque et 15,4% d’entre eux enseignent les différentes disciplines du cirque.
[1] Analyse des compétences clés des jeunes artistes de cirque professionnels, Deuxième partie, Zita Herman, FEDEC, 2009
Bonnes adresses
AERISC - Association Européenne pour la Recherche, l'Innovation et la Sécurité des Arts du Cirque
La Bellone – Maison du spectacle
CARAVAN – Association internationale sans but lucratif
http://www.caravancircusnetwork.eu