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Ingénieur·e nucléaire

Technique & industrie / Electricité & électronique
Sciences / Sciences physiques & astronomiques

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Mise à jour 10/04/2018
Par souci de lisibilité, nous avons pris le parti de ne pas écrire le féminin et le masculin du métier dans ce texte. Seul le titre est inclusif.

L’ingénieur nucléaire est le spécialiste de la physique moderne, de la physique nucléaire et de leurs applications, principalement dans les secteurs de la médecine et de l’énergie. Il gère souvent les aspects de production, d’instrumentation, de sécurité et de protection, ainsi que de surveillance de l’environnement. En d’autres termes, il utilise et exploite des matières radioactives en évitant leur dispersion.

En ingénierie médicale, les techniques dérivées du nucléaire jouent un rôle essentiel. La médecine nucléaire repose sur l’utilisation de sources radioactives et de l’interaction de molécules contenant des isotopes radioactifs avec les tissus humains. Les applications de la physique des rayonnements au domaine médical sont à l’origine de méthodes et d’appareils de diagnostic ou de thérapie par radiations (radiothérapie, radiodiagnostic, radiologie, imagerie par résonance magnétique nucléaire - IRM). L’ingénieur peut travailler à la conception, au développement et à la vérification des appareillages, au pilotage de la production de radio-isotopes à usage médical et de produits radio-pharmaceutiques, à la gestion de leur transport, à leur exploitation sécurisée dans les services hospitaliers. En résumé, il conçoit et supervise la production et l’installation du matériel et des produits utilisés par les radiophysiciens, chargés d’en assurer l’utilisation quotidienne en toute sécurité.

Dans le secteur de l’énergie, l’ingénieur nucléaire contribue à la gestion, au maintien, à l’optimisation et au développement des centrales nucléaires ainsi qu’à l’élaboration de techniques nouvelles, notamment dans la prévention des risques et la gestion des déchets radioactifs. Il peut participer à la conception ou à la modernisation des réacteurs : il calcule et dimensionne les cœurs des réacteurs et prévoit l’évolution de leurs caractéristiques en cours d’exploitation. Sa mission est aussi de définir les conditions d’entreposage et de stockage des matières radioactives. Il peut aussi intervenir dans la coordination des opérations de démantèlement des vieilles centrales (arrêt et assainissement du site). Au niveau de la sécurité, il analyse le fonctionnement des installations, y apporte les améliorations voulues, analyse les évènements liés à l’exploitation du réacteur et rend compte de l’état des lieux aux autorités (Agence fédérale de contrôle nucléaire). Il vérifie que toutes les mesures soient prises pour éviter un accident de criticité, une réaction nucléaire incontrôlée, depuis la conception des installations, pendant toute leur exploitation et jusqu’à leur arrêt définitif. Par exemple, il effectue des échantillonnages de différents circuits du liquide de refroidissement pour en vérifier l’efficacité. S’il se spécialise dans la radioprotection, sa fonction consiste à assurer la sécurité radiologique des personnes ainsi que la protection de l’environnement. Il évalue et mesure les répercussions des activités humaines nucléaires sur l’écosystème pour éviter les catastrophes écologiques dues aux rayonnements éventuels. Il veille au respect de la règlementation en vigueur : règles de sécurité pour la santé du personnel et normes environnementales. Il peut, par exemple, superviser le recyclage du combustible usé, développer des appareils de surveillance du risque radioactif ou élaborer des outils pour sensibiliser le personnel aux problématiques d’environnement et de radioprotection.

L’ingénieur nucléaire peut aussi faire avancer la recherche dans le domaine nucléaire, aussi bien en matière médicale qu’énergétique, par des expérimentations, des modélisations, la conception d’instrumentation, etc. Il existe par exemple des projets à portée internationale pour développer de nouveaux types de réacteurs destinés à la recherche (ITER, réacteur à fusion nucléaire et MYRRHA, réacteur hybride piloté par un accélérateur de particules). Le nucléaire possède aussi des applications dans le domaine militaire (armement), les industries navales, aéronautiques et aérospatiales (porte-avions, sous-marins et engins spatiaux à propulsion nucléaire, techniques de contrôle non destructif) et des plus méconnues comme l’expertise et la datation d’œuvres d’art.

 

Compétences & actions

  • Posséder des connaissances pointues en physique et mathématiques appliquées ainsi que des compétences en neutronique, thermodynamique, thermohydraulique, tuyauterie, matériaux, chaudronnerie, chimie, mécanique, automatique, électricité et électrotechnique
  • Appréhender des concepts propres à l’industrie nucléaire tels que la contamination radioactive, la radioprotection, la criticité, l’irradiation, etc.
  • Lire et parler l’anglais et éventuellement d’autres langues étrangères
  • Utiliser des logiciels de modélisation informatique et des progiciels de gestion intégrée
  • Maîtriser les aspects économiques et sociaux de la gestion d’une entreprise
  • Réaliser des études et essais, effectuer des tests et mesures
  • Vérifier des niveaux de radiation
  • Piloter des process/procédés en industrie
  • Organiser la production au sein d’une centrale ou d’une industrie
  • Contrôler l’état de fonctionnement du matériel et la conformité des équipements
  • Coordonner la maintenance préventive et corrective des installations
  • Identifier et évaluer des risques et des impacts
  • Mettre à jour la documentation technique et rédiger des rapports sur les contrôles, accidents et incidents
  • Effectuer une veille technologique sur l’évolution des consignes d’exploitation et les recommandations du secteur
  • Concevoir et développer du matériel technologique de pointe (réacteurs nucléaires, accélérateurs de particules, cyclotrons, etc.)
  • Intervenir au sein de différents comités techniques
  • Respecter la législation sur le nucléaire, les normes environnementales et les consignes de sécurité en vigueur
  • Appliquer les protocoles liés aux rayonnements ionisants, aux risques chimiques et radiologiques et au transport des matières dangereuses

Savoir-être

  • Pragmatisme et sens pratique, orienté solutions
  • Intérêt dans la résolution de problématiques complexes
  • Esprit d’analyse et de synthèse
  • Capacités de raisonnement et de déduction
  • Rigueur, minutie et précision
  • Logique, organisation et méthode
  • Curiosité scientifique et technologique
  • Inventivité, imagination et créativité
  • Autonomie et sens des responsabilités
  • Esprit d’équipe et sens du contact
  • Communication orale et écrite aisée et diplomatie
  • Force de proposition
  • Polyvalence, flexibilité et adaptabilité
  • Initiative et réactivité
  • Maîtrise de soi et gestion du stress

Cadre professionnel

L’ingénieur nucléaire travaille le plus souvent dans le domaine de la production industrielle : pour le secteur de l’énergie (centrales nucléaires gérées par de grands groupes industriels énergétiques), pour l’industrie biomédicale (développement d’appareils médicaux, production de radio-isotopes à usage médical, transport et diffusion de produits radio-pharmaceutiques), dans des services hospitaliers (radiothérapie, radiodiagnostic, radio-isotopes), dans la conception et la production d’instrumentation de pointe, au sein de bureaux d’études et d’ingénierie spécialisés dans les énergies classiques ou nouvelles, etc.

On peut aussi le retrouver au sein d’organismes de recherche et de contrôle : laboratoires universitaires, laboratoires privés, instituts de recherche et de contrôle publics (Organisation européenne pour la recherche nucléaire - CERN, Commissariat à l’énergie atomique, Centre d’études nucléaires de Mol - SCK-CEN, Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies - ONDRAF, Agence fédérale de contrôle nucléaire - AFCN), ministères de l’énergie ou de la santé, sociétés de consultance environnementales en matière d’énergie, de radioprotection, de gestion et stockage des déchets, etc.

Le travail s’effectue en équipe, regroupant ingénieurs, techniciens et scientifiques. L’ingénieur peut diriger une ou plusieurs équipes, voire tout un site. Il passe beaucoup de temps en déplacement en dehors du bureau, sur le terrain, mais aussi en réunion avec des interlocuteurs internes et externes à la structure qui l’emploie. Il est amené à manipuler des appareils et des matières dangereuses nécessitant une grande vigilance et, pour ce faire, à porter des équipements de protection et à contrôler régulièrement sa dosimétrie (la quantité de doses absorbées suite à son exposition aux rayonnements ionisants). Ses horaires peuvent être irréguliers, avec des astreintes de nuit et le weekend. En cas d’urgence, il doit être disponible et ne pas compter ses heures.

Conditions requises

En Belgique, les titres d’ingénieurs sont protégés (Loi du 11 septembre 1933 sur la protection des titres d'enseignement supérieur). On distingue le titre Ir. pour les ingénieurs civils et les bioingénieurs et le titre Ing. pour les ingénieurs industriels. Les diplômes d'ingénieur·e civil·e et de bioingénieur·e sont défendus et promus par la Fédération royale d'associations belges d'ingénieurs civils et d'ingénieurs agronomes (FABI). Le diplôme d'ingénieur·e industriel·le est défendu et promu par l'Union Francophone des Ingénieurs Industriels de Belgique (UFIIB).

En Belgique, toute personne travaillant dans le secteur nucléaire doit obtenir une habilitation de sécurité. Elle est délivrée aux personnes et organisations qui, pour des motifs professionnels, doivent avoir accès aux zones de sécurité d'un établissement nucléaire, à des matières nucléaires ou à des documents confidentiels. L'enquête en vue de l'obtention d'une habilitation de sécurité est conduite par l'Autorité Nationale de Sécurité (ANS).

Autres appellations : Ingénieur·e d’études en sûreté/sécurité nucléaire, Ingénieur·e en démantèlement/déconstruction nucléaire, Ingénieur·e en génie physique et nucléaire, Ingénieur·e en radioprotection, Ingénieur·e en sciences nucléaires, Ingénieur·e neutronicien·ne, Ingénieur·e sûreté en industrie nucléaire, Radioprotectionniste

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