Par souci de lisibilité, nous avons pris le parti de ne pas écrire le féminin et le masculin du métier dans ce texte. Seul le titre est inclusif.

Le géochimiste est un scientifique à cheval entre la géologie et la chimie, spécialisé dans l'étude des composés chimiques des roches, des minéraux et des hydrocarbures (pétrole, gaz naturel). 

D’un point de vue géologique, il analyse des échantillons d'eau, d’écorce terrestre, de sol, de sédiments ou de roches d'une région donnée pour y relever toute trace chimique de minéraux ou de combustibles pouvant mener à la découverte de nouveaux minerais. Il tente d’apporter des éléments de réponse aux changements climatiques ou à la gestion des ressources et des risques naturels. Par exemple, il étudie la composition chimique d'échantillons de pétrole et de gaz naturel afin d'évaluer leur qualité et la rentabilité éventuelle de leur extraction. Selon son mandat, il analyse précisément les concentrations de substances minérales pour identifier celles qui pourraient représenter un danger pour l'environnement et la santé des cours d'eau. Il peut aussi étudier l’interaction de polluants sur les milieux souterrains et leur évolution dans le temps. Il propose des solutions pour lutter contre la pollution des sous-sols, pour assainir ou préserver les nappes d’eaux souterraines. En vérifiant leur conformité chimique, il détermine la qualité des eaux de consommation et les moyens pour protéger les ressources des eaux thermominérales.

Ce spécialiste étudie également la chimie de la Terre (en surface et en subsurface) et de ses constituants solides, liquides ou gazeux. Il analyse ses observations et les données recueillies pour proposer de nouvelles interprétations et théories. Sur le terrain, il observe les milieux naturels et prélève des échantillons qu’il analyse ensuite au laboratoire : fragments de roches, fossiles, prélèvements de gaz, prélèvements métalliques, échantillons d’eau, etc. Il travaille beaucoup devant son ordinateur, pour croiser les données scientifiques qu’il doit mettre en perspective et rédiger des rapports détaillés sur les résultats de ses études. Concrètement, ses recherches trouvent des applications dans des secteurs variés tels que l’énergie, l’environnement, la santé, l’agriculture, la prévention des risques naturels, etc.

Dans la recherche fondamentale, le géochimiste contribue à faire progresser les connaissances scientifiques sur notre planète et l’évolution de notre environnement. À partir de prélèvement d’échantillons, il étudie selon sa spécialité la chimie des roches, des sols ou des eaux, afin de mieux comprendre certains phénomènes dans des domaines variés (le volcanisme, l’océanographie, l’hydrogéologie des eaux continentales, etc.). Il se penche sur la constitution et l’histoire géochronologique de la Terre et des objets extraterrestres comme les météorites ou des échantillons de roches issus d’autres planètes de notre système solaire. En géochimie de l’hydrogéologie, il cherche à mieux comprendre les phénomènes qui se sont déroulés lors du passage de l’eau dans le milieu souterrain, qui confère à celle-ci une composition chimique particulière. Il analyse les éléments chimiques qu’elle contient pour retrouver son origine d’infiltration et son temps de résidence dans le milieu souterrain. 

En tant que responsable de laboratoire, le géochimiste peut gérer du personnel scientifique et technique et encadrer des chercheurs, des doctorants et des techniciens de laboratoire. Pour financer ses recherches et acheter le matériel de pointe, il doit introduire des projets, obtenir des bourses, demander des subventions et gérer des conventions de partenariat. Il assure des missions de service public comme des consultations, des expertises, des participations à des commissions scientifiques. Les échanges scientifiques tiennent une place importante dans l’activité d’un chercheur : il participe régulièrement à des colloques nationaux et internationaux qui lui permettent de partager ses connaissances et les étoffer. Il consacre également beaucoup de temps à la lecture de publications scientifiques et à la rédaction d'articles visant à faire reconnaître ses travaux. En effet, publier est primordial, car la recherche est un secteur particulièrement compétitif. Il participe aussi à la diffusion des connaissances scientifiques en rédigeant d’autres publications destinées au grand public. Quant au géochimiste-enseignant, il prépare ses cours puis les dispense dans l’enseignement supérieur (organisation des cours, élaboration des contenus, travaux pratiques, stages de terrain, etc.).

En géochimie appliquée, le géochimiste apporte des éléments de réponse pour la compréhension et la gestion des ressources et des risques naturels. Il cherche les ressources présentes dans les sous-sols (gisements de minéraux ou de combustibles exploitables). Il détermine la composition des objets et systèmes chimiques naturels susceptibles d’être exploités ou modifiés par l’homme. Les résultats et les données qu’il obtient sont ensuite utilisés comme paramètres dans des modèles de gestion raisonnée et d’exploitation durable des ressources de la planète. Par exemple, il peut définir des zones où enfouir des déchets radioactifs avec un maximum de sécurité, en prévenant les problèmes de pollutions aquifères. Il peut aussi apporter des éclairages sur les problématiques de la transition énergétique : développement des énergies alternatives, nouvelles ressources (hydrogène naturel, dépôts de minerais sous-marins), géothermie, interactions eau-roche, biotechnologies, etc.

« Lors des missions sur le terrain, les conditions de travail sont assez sportives, nous marchons beaucoup et nous devons souvent quitter les sentiers. C’est parfois un peu ardu, mais normalement pas dangereux. »

Mme Jacqueline Vander Auwera, Géochimiste, Directrice du Laboratoire de Pétrologie, Géochimie et Pétrophysique de l’Université de Liège, Professeure et Présidente du Département de Géologie Lire l'interview

 

Compétences & actions

  • Posséder des connaissances approfondies en chimie et en sciences de la Terre (géochimie, géologie, géographie, cartographie, géomatique, géophysique, géodésie, géotechnique, pédologie, minéralogie, pétrologie, pétrographie, stratigraphie, sédimentologie, glaciologie, climatologie, hydrogéologie, sismologie, tectonique, volcanologie, paléontologie, palynologie) ainsi que de bonnes bases en mathématiques, statistiques, physique, mécanique, métrologie, biologie, biochimie et microbiologie
  • Maitriser plusieurs techniques et méthodes d’analyses chimiques minérales ou organiques
  • Parler et écrire en anglais, s’exprimer dans une ou plusieurs autres langues étrangères
  • Utiliser et entretenir des outils de mesure et de détection pointus (chromatographes liquides, microscopes électroniques, microsondes électroniques ou ioniques, spectrophotomètres, spectrographes de masse, etc.)
  • Maitriser des logiciels de modélisation informatique et de simulation numérique (logiciels de cartographie, de modélisation 2D ou 3D, Système d’Information Géographique - SIG)
  • Prélever, récolter et analyser des échantillons de roches, d’eau, de sédiments meubles, de fluides, de boues et de laves
  • Préparer des échantillons pour des essais en laboratoire
  • Interpréter les données issues de relevés, de prélèvements et d’analyses
  • Effectuer des analyses du sous-sol, étudier les caractéristiques et la composition des roches
  • Définir et faire évoluer des méthodes de prospection, des moyens techniques et des outils d’analyse des sols et sous-sols
  • Étudier des nappes phréatiques souterraines
  • Mesurer des polluants, étudier leur comportement géochimique et leurs interactions avec les milieux souterrains
  • Établir un diagnostic d’impacts environnementaux sur une implantation
  • Dessiner des cartes et des profils géologiques
  • Appliquer les règles de sécurité, d’hygiène et de respect de l’environnement         
     Mettre à jour ses connaissances en suivant l’information scientifique, technologique et règlementaire propre à son domaine

Savoir-être

  • Sens de l’observation et excellente vue
  • Esprit d’analyse et de synthèse
  • Rigueur et précision
  • Logique et méthode
  • Curiosité scientifique
  • Goût pour la nature et l’environnement
  • Calme et maîtrise de soi
  • Initiative et adaptabilité face à l’imprévu
  • Autonomie et esprit d’équipe
  • Aisance relationnelle et communicationnelle
  • Flexibilité et mobilité
  • Habileté manuelle
  • Bonne condition physique et résistance

Cadre professionnel

Si son travail porte sur la recherche fondamentale, le géochimiste travaille dans des laboratoires universitaires ou des instituts publics de recherche spécialisés dans la détection et l’étude de phénomènes naturels. Dans le secteur privé, on le retrouve au sein d’entreprises d’activités extractives (mines, carrières, compagnies gazières et pétrolières), dans la recherche industrielle et minière (industries nucléaires, énergies renouvelables, prospection, gestion et protection de sites d’extraction ou d’eaux souterraines), ou dans des études d’incidence environnementale (implantation d’un nouveau site industriel, gestion des déchets, traitement des eaux, dépollution des sols). Certains exercent dans des bureaux d’études proposant des services de consultance auprès d’opérateurs publics et privés (contrôle et certification, études de risques liés au sol et au sous-sol pour les secteurs de l’exploitation des ressources naturelles, de l’eau, de l’environnement, de la santé ou de l’agriculture). On le retrouve aussi au sein d’administrations publiques ou d’organisations internationales (expertise environnementale, prévention des risques naturels, recherches liées aux énergies fossiles et renouvelables, etc.). Enfin, le géochimiste peut aussi enseigner sa discipline dans l’enseignement supérieur.

Le géochimiste travaille le plus souvent en équipe interdisciplinaire (géologues, hydrogéologues, pédologues, chimistes, biologistes, ingénieurs, techniciens géologues, etc.). Il exerce en tant que salarié ou consultant indépendant. Il partage son temps de travail entre le laboratoire (analyse et interprétation des données, rédaction de rapports et travaux) et les missions en extérieur sur le terrain, dans des conditions climatiques parfois difficiles (gisements pétroliers, mines, déserts, haute mer). Ses horaires de travail ne sont pas fixes et varient selon les besoins des projets en cours. Il se déplace régulièrement (parfois pendant de longues périodes) pour réaliser des observations et des prélèvements. Il voyage également pour participer à des colloques et conférences scientifiques. Sur le terrain et en laboratoire, le port d’équipements de protection (casque, gants, lunettes et chaussures de sécurité) est souvent requis.


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