A la découverte des métiers de l’eau

Anaïs Vastersaegher

Publié en Septembre 2022  —  Magazine précédent / suivant  —  Tous les magazines
magazine eau & mer

Il y a environ 4 milliards d'années, l'eau est apparue sur notre planète. Sa présence est à la source de la vie sur Terre. Son volume (1.400 millions de km³) est resté inchangé à travers les âges : c’est toujours la même eau qui circule, se transforme et se recycle en permanence.

L’homme n’a cessé de s’interroger sur la nature de ce précieux liquide. Pour Aristote, philosophe grec de l’Antiquité, l’eau fait partie, avec le feu, la terre et l’air, des quatre éléments fondamentaux de l'Univers. Ressource naturelle essentielle à la vie, elle est le composant principal du corps humain : nous sommes constitués d’eau à plus de 60% et, sans en boire, nous ne pouvons survivre plus de quelques jours. En effet, l’eau est indispensable pour assurer les différentes fonctions métaboliques de notre organisme. Elle contribue au maintien de la température corporelle et favorise la digestion des aliments, l’absorption des substances nutritives et l’élimination des déchets. Elle assure le maintien de la tension artérielle ainsi que le transport des nutriments, des hormones et de l’oxygène dans le sang.

Régulateurs thermiques, sources d’alimentation et d’air pur, les mers et les océans présentent de nombreux intérêts pour l’homme. Deux tiers de la population mondiale réside à moins de 150 km des côtes. La présence de l’eau permet de nombreuses activités : pêche, aquaculture, extraction de minerais, production d’énergie, transport, etc.

Si elle est composée à 70% d’eau, notre planète bleue n’offre cependant que 2,5% d’eau douce et consommable, dont seulement 0,7% sont accessibles en surface. La quantité d’eau disponible pour les humains est par ailleurs inégalement répartie selon les pays. En effet, 9 pays se partagent 60% des ressources naturelles renouvelables d'eau douce du monde : le Canada, la Chine, la Colombie, le Pérou, le Brésil, la Russie, les Etats-Unis, l'Indonésie et l'Inde. Plus de la moitié des habitants d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie manquent d’eau potable. Un terrien sur trois n’a pas accès à un service d’alimentation d’eau potable. Cette problématique n'est pas uniquement présente dans les pays arides. Elle existe également dans les pays où les précipitations sont abondantes, mais où les équipements d'assainissement ne sont pas suffisants.

Réchauffement climatique, pollution, urbanisation, croissance de la population mondiale, augmentation du niveau de vie, extension des surfaces agricoles… les menaces qui pèsent sur l’eau sont nombreuses. Partout dans le monde, la demande en eau explose et l'offre se raréfie. On estime qu’en 2050, une personne sur quatre vivra dans un pays affecté par des pénuries. L’eau, véritable « or bleu », constitue donc un enjeu politique et économique majeur.

Dans les prochaines années, des actions devront être mises en place pour lutter contre la raréfaction de l’eau et permettre l’accès à celle-ci par le plus grand nombre : amélioration du traitement des eaux usées ; économie de l’eau utilisée dans la production agricole animale et végétale ; limitation de la pollution des nappes phréatiques ; équipement des pays émergents en infrastructures modernes de traitement et de distribution de l’eau ; sensibilisation de plus en plus accrue de la population, etc.

Hydrologues, hydrauliciens, océanologues, halieutes… nombreux sont les professionnels qui ont un rôle central à jouer dans la gestion des grands enjeux de l’eau, que ce soit en Belgique ou à l’étranger. Dans ce magazine, vous découvrirez ces métiers ainsi que d’autres professions intimement liées à l’eau. De l’agent de station d’épuration au mareyeur, de l’archéologue subaquatique au technicien de laboratoire d’analyse des eaux, le secteur de l’eau et de la mer donne naissance à des métiers variés, dont nous vous proposons une liste non exhaustive.

Bonne découverte !

 

Les métiers

 

Autant savoir

La distribution d'eau en Belgique

Chaque année, il tombe en moyenne 25 milliards de m³ d’eau sur la Belgique. Les normales annuelles de précipitations varient du simple au double sur notre territoire : de 700 mm/an pour la partie nord de la Hesbaye à presque 1.400 mm/an pour les Hautes Fagnes. Ces normales sont principalement influencées par le relief. En effet, les zones plus élevées font face à des quantités de précipitations plus importantes que les sites de faible altitude. Par ailleurs, l'orientation des pentes par rapport aux directions des vents amenant la majorité des pluies joue également un rôle[1].

La moitié des précipitations s’évapore, un tiers rejoint les eaux de surface (lacs et rivières) et un sixième s’infiltre jusqu’aux nappes souterraines. 

La Wallonie est le réservoir d’eau de notre pays. On recense plus de 1.700 sites de captage wallons dont on extrait plus de 400 millions de m³ d’eau potable par an (pour un total de plus de 700 millions en Belgique).  

Dans notre pays, la politique de l’eau est une compétence régionale. Cela signifie que chaque région décide en tenant compte des directives européennes en la matière. En Wallonie, la production et la distribution de l’eau sont assurées par un grand nombre d’organismes dont la Société Wallonne Des Eaux (SWDE) qui dessert près de 70% des habitants, mais aussi différentes intercommunales, comme la liégeoise CILE, la montoise IDEA et la namuroise INASEP. Ces deux dernières sont également compétentes en matière d’assainissement. La Société Publique de Gestion de l’Eau (SPGE) assure la coordination et le financement du secteur de l'eau. Elle gère la protection des captages et l’épuration des eaux usées, de l’égout à la station d’épuration. Elle veille aussi à l’état sanitaire des eaux de baignade. AQUAWAL, l’Union professionnelle des opérateurs publics du cycle de l’eau en Wallonie, regroupe tous ces acteurs.

Bien qu’il existe quelques sites de captage d’eau en Forêt de Soignes et au Bois de la Cambre, l’eau bruxelloise (tout comme 20% de l’eau en Flandres) provient en grande partie de Wallonie. Elle est rendue potable, amenée et stockée à Bruxelles par VIVAQUA. Anciennement appelée Compagnie Intercommunale Bruxelloise des Eaux, cette entreprise publique a pour mission de produire et distribuer l’eau potable, gérer les réseaux d’égouts et lutter contre les inondations. 

Les eaux usées rejoignent les égouts, gérés par VIVAQUA, et sont acheminées aux deux stations d’épuration bruxelloises (Station Nord et Station Sud) qui traitent près de 130 millions de m³ par an.

Cette phase d’épuration est organisée par l’organisme Hydria, donc l’objectif principal est d’assainir les eaux usées avant qu’elles ne soient rejetées dans la Senne. Ces rejets sont règlementés et contrôlés par Bruxelles Environnement (administration de l’environnement et de l’énergie de la Région de Bruxelles-Capitale), également compétente en matière d’eaux souterraines (autorisation de captage, contrôle du niveau de l’eau et de la qualité des nappes…). 

Belgaqua, fédération belge du secteur de l’eau, regroupe tous les acteurs, bruxellois, wallons et flamands, de ce domaine. Cette association effectue des contrôles de qualité de l’eau et des matériaux utilisés par les différents opérateurs. Elle a également en charge le suivi des développements scientifiques et techniques dans le domaine de la production et de la distribution d'eau potable, ainsi que la diffusion d’informations au public.

D’après cette fédération, le belge consommerait, en moyenne, une centaine de litres d’eau par jour. Cette consommation est l’une des plus basses des pays industrialisés ! Elle est en diminution depuis une vingtaine d’années. Plusieurs facteurs expliquent cette baisse : appareils ménagers beaucoup plus économes, utilisation de citernes d’eau de pluie, conscientisation à la nécessité de freiner le gaspillage, etc.

L’aquaculture pour nourrir la planète ?

Avec l’augmentation de la population mondiale, la problématique de l'alimentation est plus que jamais au centre des préoccupations. Les spécialistes estiment que la production alimentaire devra être multipliée par deux d'ici 2050. Le poisson peut constituer une source principale de protéines : 150 grammes suffisent à répondre aux besoins journaliers en protéines d'un adulte.

On estime que près du tiers des stocks de poissons commerciaux sont aujourd’hui surexploités. La possibilité de répondre à la demande actuelle en poisson uniquement en capturant ceux-ci dans leur milieu naturel semble à présent irréaliste. Dans ces conditions, l’aquaculture est souvent citée comme solution pour faire face au problème de la sécurité alimentaire sans vider les océans.

En 2014, la Banque Mondiale a publié un rapport révélant que 62 % des poissons consommés dans le monde seront issus de l'aquaculture d'ici 2030.

Cependant, l’aquaculture ne semble pas forcément être la solution miracle pour répondre à la demande croissante de poisson comme source de protéines. En effet, elle fait face à un certain nombre de critiques, parmi lesquelles des interrogations sur ses impacts environnementaux. La plupart des poissons issus de l’élevage sont carnivores comme le saumon, le thon ou encore la carpe. Ils sont nourris à partir de plus petits poissons sauvages qui sont péchés et ensuite broyés pour faire des farines animales. On estime 3 à 7 kg de poissons sauvages sont nécessaires pour produire 1 kg de poissons d’élevage. Par ailleurs, une aquaculture intensive peut entraîner une dégradation du milieu naturel car elle implique souvent l’utilisation de produits chimiques.

Face à ces enjeux, des pistes existent pour améliorer la productivité et la durabilité environnementale des pratiques aquacoles. Une d’entre elle est l’aquaculture biologique. Relativement récente, elle se limite encore à un petit nombre de pays et d’espèces. Elle attire cependant de plus en plus l’intérêt des consommateurs, toujours plus sensibles au respect de pratiques d’élevage responsables.

L’aquaculture multitrophique intégrée apparaît également comme une solution éco-novatrice. Elle consiste à élever plusieurs espèces ensemble : algues, huîtres, poissons… Grâce à cette méthode, toutes les espèces peuvent se nourrir et s'utiliser mutuellement.

En Belgique, l’aquaculture constitue un secteur de petite taille, de par son volume de production et son nombre de producteurs. En Wallonie, les aquaculteurs se sont spécialisés dans la production de salmonidés (saumons, truites, etc.). La Flandre est, quant à elle, plutôt orientée vers la production de cyprinidés (carpes, gardons et tanches).

Le secteur aquacole wallon compte une grande majorité de sites de production semi-intensifs, voire extensifs, élevant principalement des salmonidés dans des étangs alimentés par une déviation d’un cours d’eau. 40 pisciculteurs professionnels produisent ± 250 tonnes parmi lesquels 80% sont des producteurs de truites. La majorité de l’élevage est destiné au repeuplement des eaux de surface (rivières et étangs de pêche).

Un nouveau navire d’exploration scientifique pour la Belgique

La Politique scientifique fédérale (Belspo) possède un nouveau navire de recherche, le Belgica II, mis à la disposition des scientifiques belges pour leurs recherches en mer. 

Il remplace le Belgica qui fut en service pendant 36 ans. Ce bateau multidisciplinaire collecte en permanence des données sur les processus biologiques, chimiques, physiques, géologiques et hydrodynamiques qui se déroulent en mer du Nord, mais aussi dans l’océan Atlantique, en mer Méditerranée et en mer Noire. Grâce à sa « certification glace », il peut naviguer en Arctique durant l’été. Ce véritable laboratoire flottant quitte sa base de Zeebrugge pour des expéditions de plusieurs jours ou de plusieurs semaines avec un maximum de 300 jours par an. A son bord, des équipements de haute technologie lui permettent de prélever des échantillons jusqu’à une profondeur de 5.000 mètres. Il sert également de plateforme pour les recherches nécessitant le déploiement de robots sous-marins, d’engins télécommandés, de drones, d’équipements de forage, de trépieds, de bouées, etc.

Avec ses 70 mètres de long, ce navire ultra moderne est non seulement plus spacieux que son prédécesseur (il peut accueillir 28 scientifiques dans son espace de laboratoire), mais aussi plus sophistiqué, plus écologique et plus silencieux (ce qui est important pour l’étude des poissons). 

Sa gestion opérationnelle est assurée par l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB) en collaboration avec le ministère de la Défense.

[1] Source : www.meteo.be

 

Bonnes adresses

L’Atlas des Cours d'Eau Non Navigables de Wallonie (Atlas des CENN)

Site : http://geoapps.wallonie.be/Cigale/Public/#CTX=ATLAS_CENN

Direction générale opérationnelle de la Mobilité et des Voies hydrauliques

Cet organisme fait partie du SPW Mobilité et Infrastructures. Le SPW est le Service Public de Wallonie. Son objectif est de mettre en œuvre la politique décidée par le Gouvernement wallon dans les compétences et matières qui lui sont dévolues. Il constitue la première interface entre les institutions régionales et les citoyens.

Parmi ses nombreuses missions, la Direction générale opérationnelle de la Mobilité et des Voies hydrauliques gère et exploite les voies navigables pour qu’elles offrent une capacité de tonnage supplémentaire et désengorgent les routes. Elle veille également à la sécurité et à la sûreté des sites aéroportuaires, et prévoit les risques de crues.

Site : voies-hydrauliques.wallonie.be

Société Publique de Gestion de l'Eau (SPGE)

La Société Publique de Gestion de l'Eau (SPGE) est une société anonyme de droit public mise en place par la Région wallonne en 1999.

Sa mission essentielle est d'assurer la coordination et le financement du secteur de l'eau en Wallonie : collecte et traitement des eaux usées qui aboutissent dans une station d'épuration, protection des ressources hydriques dont les captages et les zones de baignade, participation à l'élaboration des plans de gestion, coordination du secteur de l'eau et la valorisation de la ressource, financement intégral de l'ensemble de ces missions.

Site : www.spge.be

Hydria

Hydria joue un rôle majeur dans la gestion de l’eau en Région bruxelloise. Cette société anonyme de droit public est chargée de la collecte et de l’épuration des eaux usées du bassin de la Senne. Elle lutte également contre les inondations et vise à améliorer l’environnement (en particulier, la qualité des eaux de surface) et la qualité de vie des citoyens. Elle gère différentes infrastructures : la station d’épuration de Bruxelles Sud, 5 grands bassins d’orage, le réseau de mesures Flowbru qui collecte de nombreuses données utiles telles que le débit des cours d’eau et des égouts.

Site : hydria.be

Filagri

Filagri est le portail des 11 filières agricoles wallonnes. L’une d’entre elles nous intéresse en particulier pour cette thématique : la filière aquacole.

Le site reprend de nombreuses informations utiles sur cette filière : présentation, objectifs et chiffres clés ; aspects technico-économiques, législation et liens utiles ; news, événements et publications.

Site : filagri.be

Les Contrats de Rivière

Les Contrats de Rivière consistent à mettre autour d'une même table tous les acteurs de la vallée afin d’établir un programme d'actions de restauration des cours d'eau, de leurs abords et des ressources en eau du bassin. Citoyens, communes, écoles, administrations, représentants des mondes politique, socio-économique et scientifique sont invités comme partenaires des Contrats de Rivière.

On compte 14 contrats des rivières : Amblève, Dendre, Dyle-Gette, Escaut-Lys, Haine, Lesse, Meuse amont, Meuse aval, Moselle, Ourthe, Sambre, Semois-Chiers, Senne, Vesdre.

Site : environnement.wallonie.be/contrat_riviere

Lifras Diving Belgium 

La LIFRAS est la Ligue Francophone de Recherches et d’Activités Subaquatiques. Elle vise à unifier et promouvoir les activités sous-marines en Belgique.

Parmi ses nombreuses activités, elle propose des formations qui permettent de développer des connaissances sur la faune et la flore sous-marine, l’archéologie sous-marine, l’océanologie, mais aussi sur le phénomène de décompression.

Site : www.lifras.be

Centre de compétence - Polygone de l'Eau

Ce centre spécialisé dans le secteur de l’eau a pour principale mission la formation professionnelle de publics variés: les demandeurs d’emploi, les apprentis, les étudiants, les travailleurs et les enseignants.

www.formation-polygone-eau.be

 

Sources

Sites métiers/études belges et étrangers :


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SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.