Arts plastiques & visuels

Paola Anello

Publié en Mars 2018  —  Magazine précédent / suivant  —  Tous les magazines
Arts plastiques et visuels

Parmi toutes les formes de création existantes, les arts plastiques et visuels représentent un secteur vaste et riche en oeuvres et productions en deux ou trois dimensions sur des supports multiples. L'imagination et le talent des artistes qui gravent, sculptent, façonnent, peignent, dessinent ou encore illustrent semblent, en effet, ne pas avoir de limites.

Les arts plastiques et visuels ont rencontré de nombreux bouleversements ces dernières années, notamment suite à l'apparition des nouvelles technologies dans le paysage culturel. Les différentes disciplines ne sont plus aussi cloisonnées et désormais, l'artiste plasticien est libre d'aller et venir entre les différentes formes d'expression. Il n'est pas rare qu'un peintre s'adonne à la sculpture ou à la gravure, ou qu'un photographe produise également des sérigraphies. Selon les disciplines, les créations de l'artiste seront visibles dans les musées, galeries, foires, installations, salons ou boutiques, mais aussi dans les livres, BD, journaux ou magazines, à la télévision, au cinéma, et même parfois dans la rue. Sans oublier les nouvelles technologies, et plus particulièrement Internet, qui permettent une diffusion plus large de son travail, en le rendant aussi plus accessible au public.

Même s'il existe encore beaucoup d'autodidactes, les artistes plasticiens et visuels sont aussi nombreux à avoir suivi des formations pointues dispensées dans des académies, des écoles supérieures artistiques, ou lors de stages... Libres de créer selon leurs envies ou en fonction de commandes, ils peuvent travailler de façon artisanale ou industrielle, en tant que professionnels ou amateurs. Toutefois, il est rare qu'ils puissent vivre de leur passion. L'enseignement artistique reste d'ailleurs un débouché très fréquent.

Généralement solitaires, ils peuvent également collaborer avec d'autres artistes, s'associer lors d'expositions, partager des locations d'ateliers.

Nous avons déjà tous été en contact avec une sculpture, une peinture, une photographie ou encore un dessin. Délibérément ou malgré nous, ces oeuvres nous touchent, nous amènent à émettre un avis, une opinion, voire une critique sur ce que nous voyons. Rien d'étonnant puisque l'artiste plasticien cherche à nous faire rêver, réagir ou réfléchir. Selon la technique utilisée, il fait appel à des images, des formes, de la couleur, de la matière afin de transmettre un sentiment, une pensée, que nous sommes libres d'interpréter, d'apprécier ou non. Il convient en effet à chacun de se laisser porter par son imagination et de tenter de comprendre le message que l'artiste a voulu exprimer.

Ce magazine ouvre les portes de l'univers des créateurs plasticiens et visuels. Bonne lecture !

 

Les métiers

 

Autant savoir

Evolution des arts plastiques 

S’il n’est pas évident de donner une définition précise des arts plastiques, il est toutefois possible de retracer l’apparition de cette discipline et les différentes significations qu’on a pu lui donner.

Au 18e siècle déjà, Emmanuel Kant parlait d’ « arts de la forme » mais la véritable notion d’arts plastiques n’apparaîtra que plus tard. Depuis le 19e siècle, on désigne par arts plastiques « toute action sur la matière qui évoque des formes, des représentations »[1]. Désormais, on pourrait également y inclure les œuvres qui font appel à la vidéo, à la photo, aux supports numériques…

L’adjectif « plastique » est apparu à la Renaissance italienne, lorsque l’on évoquait l’arte del designo (les arts du dessin) pour parler des arts du volume (modelage, sculpture, architecture) et de la surface (dessin, peinture, gravure). Le point commun entre ces pratiques manuelles est l’action sur la matière ainsi que leur caractère évocateur.

Le 20e siècle marque un certain tournant dans la création. En effet, les artistes ignorent de plus en plus les valeurs académiques et officielles liées aux arts plastiques. Nombreux sont ceux qui se détachent de la représentation pour s’intéresser davantage à l’ambiance, à l’atmosphère de l’œuvre plutôt qu’à ce qu’elle représente réellement. Cette nouvelle façon d’aborder le travail conduira certains à glisser vers l’abstraction. Les « beaux-arts » subissent une véritable révolution.

Poussés par ce renouveau, les artistes travaillent surtout la couleur, la forme, le rendu de la lumière tandis que l’idéal de beauté tant recherché auparavant n’est plus à l’ordre du jour pour certains. C’est alors que les fauves[2], suivis des cubistes[3] font leur entrée en peinture, bousculant les codes établis et provoquant l’étonnement, voire la consternation.

Face à l’art contemporain, le public n’est plus freiné dans son interprétation par la barrière de la représentation. Au fil des découvertes, il sera tout simplement séduit ou non par l’œuvre. L’esthétique sera l’autre grande valeur remise en question par l’art contemporain. De nombreux mouvements artistiques vont rejeter la notion de beauté et vont aller jusqu’à ignorer la notion d’esthétique. Les artistes vont alors commencer à employer des matériaux « non nobles », c’est-à-dire, issus de l’industrie ou de la consommation quotidienne.

De nouvelles façons, de nouveaux moyens d’amener l’œuvre au public se sont mis en place. Souvent, l’espace investi n’est plus utilisé uniquement pour l’exposition des œuvres mais il devient également actif et fait même parfois partie intégrante de l’œuvre. C’est le cas dans ce que l’on appelle les installations[4], par exemple.

Les arts plastiques et visuels en Fédération Wallonie-Bruxelles

Le Service des Arts plastiques (SAP)[5] de la Fédération Wallonie-Bruxelles est l’organe compétent pour gérer les arts plastiques et visuels, l’artisanat de création et le design en Wallonie et à Bruxelles[6]. Ce service s’insère dans la Direction générale de la Culture, qui traite également d’autres matières comme les Arts de la scène, le Patrimoine culturel, les Lettres, le Livre et la Langue ou encore l’Education permanente et la Jeunesse.

Le SAP a pour principales missions de promouvoir l’art contemporain au niveau professionnel, quelque soit la discipline. Le service soutient les artistes plasticiens, designers et artisans mais aussi les institutions, associations et maisons d’édition dans leurs projets. Via la Commission d’Intégration des Œuvres d’Art (CIOA), il vise également à améliorer l’intégration des œuvres dans les bâtiments publics.

En dehors de ces missions d’aide et de soutien, le SAP contribue également à la diffusion de l’art contemporain en éditant une revue trimestrielle (L’art même) et en coproduisant des émissions radio. Il assure aussi une présence et une visibilité des artistes et institutions aux foires et salons belges ou étrangers et encadre les projets qui seront présentés à la Biennale de Venise. 

Afin d’octroyer les subsides, le SAP suit la Commission consultative des Arts plastiques (CCAP), qui est chargée d’émettre un avis, des recommandations, propositions, d’initiative ou à la demande du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, concernant les politiques menées dans le secteur des arts plastiques contemporains. Cette commission est sollicitée dans le cadre de l’édition de monographies, l’acquisition d’œuvres, l’organisation d’expositions, l’octroi de subventions et de bourses. Ainsi, en Fédération Wallonie-Bruxelles, le secteur des Arts plastiques est soutenu par cinq types d’aide différents : l’aide à la création/production, l’aide à l’édition, l’aide pour l’organisation d’un événement (exposition, festival, jury de prix…), l’aide à la programmation annuelle et la demande d’un premier conventionnement. Les membres de cette commission sont régulièrement invités à représenter la Fédération au sein de jurys.

En ce qui concerne les budgets dévolus au secteur des Arts plastiques, ils connaissent une croissance annuelle depuis 1984. Ainsi, en 2007, les Arts plastiques ont bénéficié de 4.559.000 euros, 5.169.000 euros en 2010 et 5.598.000 en 2011[7].

L’art urbain et le graffiti

Mouvement artistique contemporain, l’art urbain ou « street art » regroupe les formes d’art (plastiques, graphiques) réalisées dans la rue, dans des endroits publics et qui englobent différentes techniques telles que le graffiti, le pochoir, l’affichage ou encore les installations. L’art urbain, généralement éphémère, peut aussi comprendre des aspects issus des arts de la rue en proposant des performances avec du jonglage, par exemple. Souvent considéré comme étant illégal ou officieux, il est de plus en plus utilisé à des fins promotionnelles, dans des campagnes de « street marketing ». Si la rue constitue un formidable moyen de se faire connaître du plus grand nombre, l’art urbain, de plus en plus reconnu en tant qu’art à part entière, fait son entrée dans les musées et galeries, où les œuvres peuvent même se vendre.

Fort de son succès, surtout auprès des jeunes, l’art urbain a désormais sa propre Biennale (UrbanArt Biennale), dont la première édition a eu lieu en Allemagne en 2013. Une trentaine d’artistes du street art ont ainsi investi une ancienne fonderie afin de créer des toiles et installations.

Parmi les formes d’expression les plus connues et répandues, on retrouve le graffiti et le tag qui ont vu le jour dans les années 60 et 70 aux Etats-Unis. Si les deux termes sont à différencier (le graff étant le terme utilisé pour désigner les dessins, inscriptions calligraphiées ou peintures tandis que le tag correspond à la signature de l’auteur), il s’agit d’expressions souvent illégales, qui se répandent dans l’espace public de façon à être vues par tous. Souvent victime de préjugés de par son caractère illégal, le graffiti fait son entrée dans le monde de l’art grâce à des artistes comme Keith Haring, par exemple. De plus en plus, les graffeurs exercent aussi leur talent de façon tout à fait légale en créant des décors, des fresques, à la demande de restaurants, de propriétaires de véhicules, d’entreprises et d’institutions publiques, etc.

Les lieux de découverte et de pratique

Dans une enquête réalisée en 2007 sur les pratiques et consommation culturelles en Fédération Wallonie-Bruxelles[8], il apparaît que la moitié des francophones sondés (49%) ont, en un an, participé au moins une fois à des activités telles que des visites aux musées, galeries d’art, expositions d’arts plastiques ou de photographies. C’est dans les villes que ces pratiques sont les plus courantes puisque Bruxelles enregistre près de 40% du public des arts visuels, devant Liège (22%) et les villes du Hainaut (21%). 

L’enquête a également sondé la pratique « amateur » de certaines disciplines. Cette pratique peut se faire auprès d’une série d’organismes, subventionnés ou soutenus par la Fédération, comme les Académies ou les CEC (centres d’expression et de créativité) ou privés.

La photo, le dessin ou la peinture et la sculpture figurent ainsi en bonne place parmi la musique, la danse ou encore le théâtre.

Il est donc possible de découvrir ou d’approfondir sa pratique des arts plastiques et visuels dans différents lieux. Les centres culturels et centres d’expression et de créativité (CEC), les académies, les institutions socioculturelles…permettent, entre autres, de se familiariser avec une pratique en particulier lors de stages ou ateliers proposés toute l’année ou pendant les congés scolaires. De plus en plus, les artistes proposent également des cours à domicile, dans les structures spécifiques ou chez eux.

Les centres d’art contemporain, les musées, les galeries, les sites internet spécialisés, les installations, parcours d’artistes, foires, salons, festivals ou encore expositions, sont l’occasion d’admirer les œuvres d’artistes locaux, nationaux ou internationaux, célèbres ou non. Enfin, la rue devient également un espace d’exposition à part entière, abritant régulièrement des œuvres d’artistes plasticiens.

 

[1] Wikipédia
[2] Le fauvisme est un courant de peinture du début du 20e siècle caractérisé par l’audace et la nouveauté de ses recherches chromatiques.
[3] Le cubisme est un mouvement qui s’est développé de 1907 à 1914 à l’initiative des peintres Georges Braque et Pablo Picasso qui ont introduit la fragmentation dans leurs œuvres d’art. http://www.le-cubisme.com 
[4] Une installation est une œuvre d’art contemporain dont les éléments, de caractère plastique ou conceptuel, sont organisés dans un espace donné à la manière d’un environnement (Larousse)
[5] http://www.artsplastiques.cfwb.be
[6] En Flandre, les arts visuels, audiovisuels et numériques sont représentés par le BAM - Instituut voor beeldende, audiovisuele en mediakunst.
[7] Rapport d’activités 2011 de la Commission consultative des arts plastiques,  http://www.artsplastiques.cfwb.be/index.php?id=10937
[8] Enquête générale sur les pratiques et consommations culturelles en Communauté française sous le pilotage de l’Observatoire des politiques culturelles (OPC) en 2007, Une radiographie des loisirs culturels, Faits & Gestes, été 2009.

 

Bonnes adresses

SAP - Service des Arts plastiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Organe compétent pour gérer les arts plastiques et visuels, l’artisanat de création et le design en Wallonie et à Bruxelles.
Site : http://www.artsplastiques.cfwb.be

WCC-BF - (World Crafts Council – Belgique Francophone)

Association professionnelle regroupant plus de 200 créateurs. L’asbl vise à la promotion, en Belgique et à l’étranger, des arts appliqués d’expression contemporaine. Elle assure la promotion des arts appliqués, développe un esprit de recherche contemporain et se veut être le porte-parole des créateurs auprès des instances culturelles, des pouvoirs publics, des médias et du public. Le WCC-BF organise des expositions, des conférences, des séminaires, des formations, etc. Il participe également à des foires internationales, des concours, des salons, etc.
Site : http://www.wcc-bf.org

CNAP - Conseil national belge des Arts plastiques

Il a pour mission de défendre les intérêts culturels et matériels des artistes plasticiens. Il permet notamment de « mettre en relation, de faire connaître et de confronter la vie de l’art et des artistes dans le monde lors de rencontres, de séminaires, d’expositions, dans un idéal de paix, de tolérance et de partage ».
Site : http://www.cnap.be

SACD - Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques

Elle s’occupe des droits d’auteurs d’œuvres du domaine du spectacle vivant (théâtre, musique, etc.) et de l’audiovisuel (cinéma, radio, télévision…).
Site : http://www.sacd.be/

SCAM - Société Civile des Auteurs Multimédia

La SCAM s’intéresse aux auteurs d’œuvres documentaires, littéraires et graphiques (illustrations et images fixes).
Site : http://www.sacd.be/

SOFAM

Société coopérative de gestion de droits d’auteur spécialisée dans le domaine des arts visuels. Elle s’adresse aux peintres, sculpteurs, photographes, illustrateurs, cartoonistes, dessinateurs, graphistes…
Site : http://www.sofam.be

SMartBe

Association qui propose des outils et des moyens juridiques, administratifs et logistiques (gestion de contrats, gestion d’activités, financement de matériel, etc.) à destination des artistes.
Site : http://smartbe.be

Lezarts Urbains

Association centrée sur les cultures urbaines. Elle a pour mission de valoriser des formes artistiques vivantes et originales telles que la danse urbaine, le rap, le slam, l’art graffiti et toutes les disciplines apparentées.
Site : http://www.lezarts-urbains.be

 

Sources

 

Remerciements

Nous tenons à remercier toutes les personnes interviewées pour le carnet Arts plastiques & visuels comme pour notre site Internet, ainsi que celles qui nous ont fourni les contacts de professionnels et les photos.


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SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.